Peut-on se plaindre d’avoir été violée si on était soûle ?

Une polémique s’est développée au sujet d’un article [1] publié par Women’s Enews, site féministe qui fait partie des sources d’informations utilisées par les Pénélopes. L’article en question analyse comment de nombreux bars aux Etats-Unis utilisent des jeunes femmes pour attirer une clientèle masculine. On leur offre l’entrée et/ou les boissons, les poussant à une consommation excessive. L’ennui, c’est que l’auteure sous-entend que l’alcool et le comportement de ces jeunes femmes conduisent au viol. Il y aurait comme un présupposé qui serait : les hommes violent, c’est normal, aux femmes de faire attention de ne pas se retrouver dans une situation à risque. C’est cette même conception de la sexualité et des rapports hommes-femmes qui ressort d’un rapport d’Amnesty International (voir l’article Violence envers les femmes au Royaume-Uni) et qui choque parce qu’elle sous-tend la campagne contre le binge drinking en Angleterre (voir l’article Viols et "binge drinking" au Royaume-Uni : nouvel amalgame), sans parler des cas où les victimes de viols sont considérées comme responsables par la justice si elles étaient ivres au moment des faits (voir l’article Elles l’ont bien cherché !), ni des déclarations récentes d’un imam australien (Sheik Taj el-Din al Hilaly) qui avait trouvé judicieux de comparer les femmes non-voilées (même pas besoin d’être saoûle, être une femme suffit) à de la viande offerte en pâture aux prédateurs. Pour résumer, une femme qui boit prend délibérément le risque d’être violée ou de devenir violente [2]. L’alcool est donc mauvais pour les femmes puisqu’il les rend complices des violences qui s’exercent contre elles ou – et n’est-ce pas encore pire ? – coupables elles-mêmes de violences qui ne sont pas « naturelles » chez elles.
Ce n’est pas nouveau, l’idéologie dominante cherche à ramener les femmes à la maison et à contrôler leurs comportements, pour, in fine, contrôler leurs corps. Tous les arguments sont bons, et les arguments sécuritaires (alors que le foyer est partout dans le monde l’endroit idéal pour mourir à cause des violences domestiques) et "scientifiques" (voir l’article Faire le ménage pour éviter le cancer du sein) ont partout et de tous temps été utilisés. Curieux qu’ils ne soient pas encore usés à force d’avoir servi.
Sur ces sujets, on pourra consulter les sites suivants :
Global Sisterhood Network :
http://www.global-sisterhood-network.org
Truth About Rape : http://www.truthaboutrape.co.uk