« Intégrez-vous mais restez entre vous ! »
Il serait intéressant de questionner l’attitude qui consiste à faire appel aux « grands frères » pour ramener le calme dans les cités. Ne sont-ce pas les municipalités, les parents (souvent les pères), qui délèguent aux "grands frères" leur autorité bien virile, plaçant ainsi des aînés (surtout des garçons) dans la position de dominants, auxquels on autorise l’utilisation d’une autorité patriarcale pour prêcher la bonne parole ? Ces « grands frères » ne véhiculent-ils pas une morale religieuse qui renforce encore plus les principes de domination tout en enfermant la population ? La communication ne circule plus au sein de la cité mais reste prisonnière entre personnes de même classe sociale, même origine et même religion. Une attitude, qui selon moi, ressemble à une abdication et paraît éloignée des principes de la diversité culturelle et de l’échange interculturel. Bien sûr, tout le monde semble trouver son intérêt dans cette situation. L’ordre public est assuré, les parents rassurés par le retour des enfants à la maison. Mais n’est-ce pas une vision à court terme, dénotant un manque de projet durable quant à l’avenir de nos cités et au devenir de ses populations ? N’est-ce pas une politique de repli, une négation des principes tant clamés de l’intégration ? Pour moi, c’est un peu comme si on disait : « intégrez-vous, mais par pitié restez entre vous et réglez vos problèmes loin de nous, on ne veut rien savoir !! ». La population issue de l’immigration se trouve alors priée de ne pas poser de problèmes à la cité sans pour autant acquérir les droits fondamentaux. On la sacrifie, et on la livre aux mains des loups qui guettent cette détresse !
...donner au religieux un rôle politique qui devient institutionnel
De plus, l’importance de l’écho médiatique fait à la fatwa de l’UOIF [1], lancée le 6 novembre 2005 et qui condamne les violences urbaines, contribue à donner au religieux un rôle politique qui devient institutionnel, comme si c’était à la mosquée de traiter la crise des banlieues. Une fois de plus, le politique délègue sa responsabilité. Une fois de plus, le problème des banlieues n’est pas considéré comme une préoccupation nationale. On la localise dans l’espace que sont les cités, et on demande aux personnes concernées de se débrouiller entre elles. On peut dire, qu’une fois de plus on démissionne et on abandonne la population. On la met en dehors de la cité en la laissant pratiquer ses propres lois, et pire que tout, on donne un rôle politique et législatif aux religieux puisqu’une fatwa est reconnue et véhiculée par les médias de la république !
Déjà, et dès 2003, la droite, par l’intermédiaire de son ministre de l’intérieur, a conclu une alliance implicite avec l’UOIF en se rendant à son 20ème rassemblement annuel (le 19 avril 2003 à la Courneuve), essayant de remettre en cause les lois de séparation de l’Etat et de l’église afin de permettre un possible financement des nouvelles mosquées et par la même occasion de donner satisfaction à tout le clergé.
La présence ministérielle a répondu au besoin de visibilité médiatique de cette organisation. Elle a permis aussi à l’UOIF d’occuper le terrain que les associations laïques n’ont pas su prendre, en apparaissant comme le seul interlocuteur, le seul représentant de la communauté d’origine musulmane. Pourtant on estime que seulement 10 % de cette communauté est pratiquante [2]. On oublie surtout que l’UOIF est la branche française de l’Union des Organisations Islamiques d’Europe. Comme l’explique Samir AMGHAR, sociologue à l’EHESS, auteur d’une thèse sur l’UOIF, elle s’inscrit dans le courant des Frères musulmans. Selon LHAJ THAMI BREZE, président de l’UOIF « nous sommes fondamentalistes : nous nous référons aux fondements de l’Islam ». Ce qui veut dire clairement un Islam orthodoxe, ancré dans les traditions du port du voile, la viande halal, et l’engagement dans la société avec une vision globale de ce que celle ci devrait être selon les préceptes de la CHARIA. Pour eux l’islam s’inscrit dans un système complet et doit régir tous les actes de la vie : la distribution des impôts, le mariage, les vêtements, la sexualité, l’éducation…. C’est surtout un Islam politique avec des visés de pouvoir. On est loin des revendications des musulmans modérés (comme par exemple, Soheib Bencheikh, Chercheur en science islamique, ancien mufti de Marseille) qui revendiquent un islam plus moderne.
Alliances "purement tactiques"
Voici comment Le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, explique la crise que traversent les cités :
« AFP – Paris. Le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, a estimé que "les religions sont un plus pour la République" car elles permettent "d’espérer" et a invité ceux qui croient à "prendre part au débat public".
"Nos quartiers sont devenus des déserts spirituels, je ne pense pas que nous ayons quoi que ce soit à y gagner", a dit le ministre lors d’une réunion interreligieuse au Théâtre de Neuilly (Hauts-de-Seine), organisée par l’association "Bible" à Neuilly sur le thème "Dieu peut-il se passer de la République ?" ». "Si personne n’explique que la vie n’est pas un produit de consommation, il ne faut pas s’étonner que le sens de la vie ne soit pas le même à La Courneuve qu’à Neuilly", a lancé M. Sarkozy, qui revenait de la cité des 4.000 à La Courneuve (Seine-Saint-Denis) où un enfant de onze ans, Sidi Ahmed Hammache, avait été tué par balles le dimanche précédent.
La gauche, quant à elle, même pour ses formations les plus radicales, reste frileuse et refuse de prendre une position claire sur la question.
Beaucoup d’arabes, comme moi, avaient quitté leur pays afin de fuir l’obscurantisme et la tyrannie exercée au moyen de la Loi Islamique contre les femmes (code de la famille, loi du Talion, apostasie, crime d’honneur…).
Ces forces obscurantistes s’appellent Frères Musulmans, El Takfir Wel Hegra, la Qaïda… Quel ne fut pas le désarrois des arabes laïques en les retrouvant ici, sous les noms de UOIF, El Ouma, avec pour figure médiatique Tariq Ramadan.
Tout comme dans les pays d’origine, à leur début, divers partis de gauche les ont considérés comme extrémistes tout en faisant des alliances qu’on disait purement tactiques : une nécessité de cohésion nationale contre l’impérialisme, la dictature gouvernementale ….
Aujourd’hui, l’alternative que représentait la gauche dans les pays arabes est morte. Les Barbus, frères musulmans, les Jihads, les Qaïda, sont devenus la première force politique.
Ici, en France, une partie de la gauche veut nous faire croire qu’elle protège les Arabes, qu’il est nécessaire de faire alliance avec leurs ennemis et que ceci ne s’appelle pas trahison mais alliance tactique et ponctuelle ! On oublie simplement que les Arabes ne sont pas tou-te-s musulman-e-s, qu’ils/elles ne sont pas une espèce en voie de disparition qui aurait besoin de protection. Et qui les protégerait ? Cette alliance
avec leurs ennemis ? Ceux qui leur ont fait fuir leur pays ? Ou cette gauche qui sacrifie les Arabes laïques et surtout les femmes arabes en lutte contre tous les intégrismes ?
Avec de telles alliances, comment prétendre être solidaire avec les femmes afghanes, les femmes marocaines, et les femmes algériennes en lutte comme celles du mouvement 20 ans Barakat [3] ?
Cette gauche n’a pas été à la hauteur de notre combat lors du débat sur le voile. Elle n’a pas été à la hauteur de notre indignation face à la participation de notre oppresseur Tariq Ramadan au FSE. Elle n’a pas
été à la hauteur quand elle ne s’indignait pas alors que l’UOIF appelait, le 6 novembre 2004, à une manifestation contre le racisme, organisée par toutes les forces
qui ne se sont pas posé ces questions : Et le sexisme ? Et le droit à l’IVG ? Et la position de Tariq Ramadan concernant la lapidation ?
Oui, on voulait une manifestation contre le racisme en même temps qu’un moratoire sur la lapidation des femmes ! De quelle alliance ose-t-on aujourd’hui nous parler ? Comment peut-on nous dire, à nous, femmes et hommes arabes refusant l’obscurantisme, le sexisme et la discrimination, que l’on fait cela pour notre bien ???
Altermondialistes et féministes face à l’entrisme de l’UOIF
L’UOIF mène une politique d’entrisme au sein des organisations alter mondialistes. Elle réussit à diviser les collectifs féministes avec l’intrusion - entre autres - d’ « une école pour tous ». Certaines féministes s’engouffrent alors dans le débat sur le voile. Elles traiteront le symptôme et non les causes qui amènent les filles de la troisième génération à se voiler, à cacher ce corps honteux, ce corps objet de désir et de convoitises, ce corps dont le pouvoir est énorme puisqu’il détermine si une tribu est honorable ou non, enfin, ce corps propriété privée des parents, des grands-parents voir de toute la communauté ! Certaines féministes rejèteront le combat des féministes arabes pour la libre disposition des femmes arabes de leur propre corps et contre le voile ! Elles s’allieront avec des associations comme « Une école pour Tous » et crieront haut et fort au scandale de l’islamophobie. Un terme nouvellement inventé qui stigmatise les athées, les laï-c-que-s et ceux et celles qui veulent dire non à l’islamisation des cités.
L’enjeu du voile
On feint de ne pas voir que derrière la lutte des associations musulmanes, le voile est un enjeu primordial. Ce n’est pas un hasard si, en Iran, la première mesure de l’état islamique a été d’obliger les femmes à se voiler. Le voile a toujours été utilisé comme instrument de l’appropriation de la société du corps des femmes. Par le voile, on limite le mouvement des femmes, l’espace qu’elles peuvent occuper et la vision qu’elles peuvent avoir d’elles-mêmes. Avec le voile, le contrôle des fillettes est facilité puisqu’on induit dans l’éducation qu’elles sont un objet sexuel. Et comme la sexualité est « sale » par nature, toute tentatrice est coupable, La fillette n’est plus un enfant, elle est objet du désir masculin. Pour sauver les hommes des tentations, il faut cacher les responsables : les femmes et les jeunes filles, tentatrices par nature, alors, coupables dès leur naissance ! Les femmes ont un corps qui induit le péché, elles sont l’axe du mal. On se doit alors de les éduquer à la soumission, le voile y contribue largement.
Le contrôle des femmes fonctionne à la perfection. On les enferme dans les maisons, s’il faut absolument qu’elles sortent, on les enferme derrière leur voile.
Restes de pensée coloniale ?
Quand une femme arabe et féministe comme je le suis, s’insurge contre l’utilisation du terme « islamophobie », on lui répond, « il ne faut pas faire le nid de l’extrême droite ». Face à ce chantage, j’ai tenté d’expliquer que dans mon pays d’origine, justement, on appelle ces mouvements islamiques l’extrême droite arabe. Tout ce q’on a trouvé pour me répondre « mais arabe quand-même » ! Mais qu’est ce que cela veut dire ? Les occidenta-ux-les seraient-il/elles les seul-e-s à avoir le droit à la laïcité, à la liberté tant sexuelle qu’intellectuelle, au droit de choisir, et pas nous ? N’y aurait-il pas là quelques restes de pensée coloniale qui considère que nous, les Arabes ne sommes pas assez évolué-e-s pour accéder à tous nos droits, y compris celui de critiquer notre religion ?
Cette complaisance avec les associations musulmanes, comme j’ai pu le constater lors des cours d’alphabétisation, arrange certaines municipalités, même de gauche. Pour donner un exemple, il m’est arrivé, de commencer mes cours d’alphabétisation juste après un pseudo-cours d’arabe qu’une association musulmane assurait auprès d’enfants issu-e-s de l’immigration dans des locaux municipaux. J’ai gardé soigneusement les feuillets du paper-board que j’ai montré au directeur du centre lors d’une réunion. J’ai aussi rappelé que les centres municipaux ne devraient pas prêter leurs locaux à des associations cultuelles. Mes efforts ont été vains, et l’association a continué d’avoir pignon sur rue. Dans une autre commune de la région parisienne, en bas des tours HLM, une école coranique avait fait main basse sur le local des habitant-e-s. C’était de notoriété publique, pourtant, et bien que tout le monde entendait fréquemment des pleurs et hurlements d’enfants, personne ne réagissait ! Il est à se demander si pour certains, il n’est pas plus profitable, répondant à une vision de court terme (peut-être une échéance électorale ?), de voir les jeunes au sein d’une association qui diffuse un message intégriste, profitant du désarroi social pour repérer et éduquer leurs futurs cadres choisis dès le plus jeune âge, plutôt que d’avoir à gérer l’errance de jeunes garçons dans le quartier, avec le risque de dégradation de voitures, graffitis… . Une autre banlieue collabore avec une association religieuse musulmane pour organiser avec les SMJ, des départs en vacances pour les jeunes de la cité ! Là encore, le politique délègue son action sociale aux institutions religieuses. Là aussi, les adultes abandonnent les enfants, les exposant à toutes les manipulations possibles ! La violence est aussi celle-là, celle qui consiste à abandonner des enfants, à ne pas les protéger !
La violence c’est aussi celle qui consiste à délaisser les quartiers à la pauvreté, c’est le manque de perspective d’un avenir meilleur. Tout ce contexte de violence familiale, institutionnelle, politique et sociale constituent un terreau privilégié pour tous les extrémismes.
Comment le gouvernement s’adresse t-il aux jeunes ? Le choc des mots et le mépris des autres cultures
Selon Mimouna HADJAM, présidente d’Africa 93, « de 1983 à 2005, quatre jeunes sont morts assassinés dans la cité des 4000 à La Courneuve : Toufik, assassiné par un voisin excédé par le bruit ; Abdel et Ali, assassinés par deux policiers ; Sid Ahmed, assassiné par deux bandes mafieuses. Nous n’avons pas cherché à occuper l’espace médiatique par la violence et la mort. C’est la violence et la mort qui nous colle à la peau. Ainsi, de 1981 à 1991, 189 français d’origine maghrébine ou africaine sont morts dans les commissariats, les cités, victimes de l’idéologie sécuritaire. » [4]
Le Ministre de l’intérieur, a annoncé lors de l’émission « A vous de juger » du 10 novembre 2005 que l’état avait des difficultés avec certaines communautés. La France aurait été victime d’une « immigration subie et non choisie… Il y a plus de problèmes avec les enfants d’immigrés d’Afrique noire et d’Afrique du Nord… C’est dû à leur culture, la polygamie… ». Avec de tels propos, ce n’est plus seulement les jeunes qui sont visés, c’est une grande tranche de la population, à qui le Ministre renvoie la responsabilité de ce qu’on a nommé les « violences urbaines ». Deux phrases qui en rappellent une ancienne sur « le bruit et l’odeur ». Parler d’immigration choisie ou subie c’est induire le droit de choisir une immigration conforme, celle qui ne va pas générer la violence à cause de sa culture. C’est aussi hiérarchiser les populations du monde. Il y aurait deux catégories : les cultures nobles et pacifiques, en un mot les civilisées, et les autres : les barbares ! Propos qui justifient en quelque sorte une agressivité verbale qui était à l’origine de l’embrasement des banlieues. Si la population originaire d’Afrique noire ou d’Afrique du Nord était culturellement génitrice de violence, il convient d’utiliser le « Kärcher » pour nettoyer les cités de la « racaille » ces détritus de culture violente !
En même temps on réanime un observatoire des discriminations resté jusque là assez discret. On sauve la mise, on ne peut être taxé de xénophobie !
Paradoxalement, on instaure un couvre-feu, on déclare l’état d’urgence. L’urgence n’est pas sociale, elle est celle qui consiste à revenir à l’état « normal » celui d’avant les émeutes. On ne tire aucune conclusion, on déclare la guerre aux jeunes. On réanime les blessures de la guerre d’Algérie en appliquant la loi adoptée le 25 avril 1955. On déclare la guerre aux petits enfants et arrière-petits enfants de celles et ceux qui ont connu la répression de la manifestation du 17 octobre 1961 à Paris, par une police aux ordres. C’est la surenchère ! A croire, comme le clament certains mouvements d’extrême droite que l’armée est aux portes de la capitale !
Il est vrai que la France n’est pas prête à reconnaître les conséquences désastreuses de la colonisation que ce soit en Algérie ou ailleurs. Pour preuve, c’est en cette même année 2005 que les députés adoptent l’article 4 de la loi du 23 février 2005 disposant que les programmes scolaires doivent reconnaître le « rôle positif » de la colonisation.
Même après la révolte des banlieues appelée communément « violences urbaines », les députés de la majorité auront beaucoup de mal à abroger cette loi honteuse ! Face aux tergiversations des élu-e-s, c’est le Président Jacques Chirac lui-même qui met fin à une polémique qui déchirait la France métropolitaine et les DOM TOM et mettait à mal les relations de la France avec l’Algérie.
Comment pouvons nous alors nous sentir intégré-e-s ? On nous refuse le droit à une lecture digne de notre histoire. On continue à nier le préjudice subi à cause de l’esclavage et la paupérisation de nos pays d’origine, conséquence de la colonisation. C’est vrai l’attitude est constante : c’est pour notre bien que ces merveilleux occidentaux si supérieurs nous ont colonisé afin d’apporter la civilisation aux indigènes, à ces ingrats barbares !
Revenons sur la déclaration aux Français de Monsieur Jacques CHIRAC, Président de la République, lundi 14 novembre 2005 :
« C’est une chance d’appartenir à la communauté française
Ce qui est en jeu c’est le respect de la loi mais aussi la réussite de notre politique d’intégration. Il faut être strict dans l’application des règles du regroupement familial. Il faut renforcer la lutte contre l’immigration irrégulière et les trafics qu’elle génère. Il faut intensifier l’action contre les filières de travail clandestin, cette forme moderne de l’esclavage…. Nous sommes à l’œuvre pour y répondre. Beaucoup a déjà été entrepris : les zones franches urbaines pour ramener de l’emploi dans les quartiers ; le plan de rénovation urbaine pour remplacer les barres et les tours par un habitat plus humain ; le plan de cohésion sociale pour lever un à un les handicaps dont souffrent les plus vulnérables ; des mesures fortes pour permettre aux familles surendettées de s’en sortir ; le contrat d’accueil et d’intégration… »
Je me demande ce que veut dire "appartenir à la communauté française" quand on a tout fait pour enfermer les personnes issues de l’immigration dans cette situation de repli communautaire et cette quête d’identité. Et de quelle politique d’intégration le président veut-il nous persuader ? Il parle volontiers de l’esclavage moderne, mais oublie de reconnaître l’esclavage que la France a infligé aux noirs ! Par ailleurs, ce discours qui se voulait d’apaisement n’est que la promesse de l’endurcissement des lois contre les immigré-e-s en situation irrégulière ou non ! On va alourdir les démarches des mariages mixtes, suspects par nature ! Il faudrait alors déclarer aux français : « mariez-vous, français ! Restez entre vous ! »
On va interdire aux personnes de vivre avec leur famille, on va renvoyer les enfants dans le pays d’origine qu’ils connaissent si peu au risque de les traumatiser ?
Le politique a trouvé son bouc émissaire, si on parle d’insécurité, on parle forcément de l’immigré-e, n’hésitant pas à démontrer aux bon-ne-s français-e-s que c’est du barbare qu’il s’agit, on n’hésite pas d’ailleurs, et sans aucune retenue, à exposer ses enfants à l’écran en bas de leur immeuble crasseux dans leur cité jonchée de détritus !!
Ensuite, le Président n’oublie pas en passant, de glorifier les mesures que l’état avait prises pour les entreprises. Les zones franches, cadeau sans contrepartie aux capitaux pour qu’ils daignent s’installer prés des cités. Or, ces entreprises qu’on glorifie n’embaucheront que bleu blanc rouge !!!
Le ton était déjà donné avant ces événements tragiques de novembre 2005. Lors d’une visite à la Cité des 4000 à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), après la mort par balle d’un enfant le 19 juin, Nicolas Sarkozy avait annoncé "des opérations systématiques en liaison avec le procureur de la République pour aller chercher des armes, pour démanteler des trafics, pour expulser des clandestins, pour rechercher des délinquants et punir des voyous". Il promet un nettoyage au Kärcher au propre comme au figuré. Or c’est un enfant qui a été tué par des personnes, non pas par toute une population, cet enfant n’a pas demandé de vendetta, ses parents et tous les enfants des cités, comme ceux de la France entière, du monde, n’ont besoin que de la justice. Une justice qui prend en compte leurs souffrances, une justice qui protège et ne se venge pas ! On ne peut pas admettre qu’une population soit stigmatisée ainsi, considérée comme sale. La bête est revenue, l’extrême droite peut se réjouir, son discours est repris, banalisé !
Dans le 93, une mairie de droite envoie à ses salarié-e-s un mot de soutien pour les épreuves que certains et certaines ont subi lors des « violences urbaines », après un grand éloge des prétendus bienfaits de cette mairie. En voici un extrait « …C’était sans compter sur ces jeunes vandales qui déboulent en meute de nos quartiers, mais aussi des villes voisines, voire des autres départements…. Bien sûr, nous pouvons faire mieux encore et plus peut-être, mais nous ne pouvons rien faire pour eux (les racailles, c’est moi qui précise), si leur seul but est de détruire et de refuser toutes les opportunités qui leur sont offertes… ». Or c’est cette mairie qui demande des justificatifs de recherche d’emploi pour le maintien à la cantine des enfants des chômeu-r-se-s ! Elle a tout fait, il n’y plus rien à lui demander, ni à elle, ni à toute la société !
Pourtant, les politiques devraient se méfier, la violence rôde toujours dans nos cités et n’attend qu’une occasion pour avaler les jeunes, ces enfants qui méritent la protection de notre société !