Dans la république des citoyens, il n’y a ni petits, ni sans grade
Mon arrière grand père était historien, spécialiste du premier empire. Il avait conseillé Edmond Rostand pour écrire sa pièce de l’Aiglon. J’ai très souvent entendu dans ma famille déclamer des tirades de cette pièce et notamment camper le personnage de Flambeau, grognard de Napoléon.
C’est lui qui prononce la citation "moi, le petit, le sans grade" qui a été récupérée par Jean-Marie Le Pen dans son discours au soir du premier tour des élections présidentielles : "Vous les petits, les sans grade…"
Alors allons jusqu’au bout de la mémoire historique. Rappelons que les armées napoléoniennes étaient basées sur le principe de l’inégalité, pire même, puisque le cynisme allait jusqu’à exposer les plus faibles aux situations de plus grand risque. C’est ce qu’on appelait les "Marie-Louise" : des petits tambours de 10-12 ans, habillé en rouge bien vif, disposés au premier rang de la bataille, qui n’avaient pour toutes armes que leurs baguettes. Ils servaient de "chair à canon". Ils étaient embrochés dès les premières minutes et ça donnait la rage aux hommes - les vrais - en armes, derrière.
Laissons à Le Pen ses références guerrières d’un passé régressif.
Dans la France de la république, il n’y a pas de petit ni de sans grade. D’humiliés et d’indignes. Il n’y a pas d’hommes et de sous-hommes. Il y a des hommes et des femmes tous égaux. C’est un acquis fondamental de la démocratie. Et je ne revivrai pas les Marie-Louise pour un empire.