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France, des progrès, oui mais...

dimanche 1er octobre 2000, par Nicolas Bégat

Elsa Boulet

Des femmes au gouvernement, un projet de loi... la France n’en demeure pas moins loin derrière ses homologues européens.

Suite aux dernières législatives de 1997, le taux de représentation des femmes est passé de 5% à 10,9% parmi l’ensemble des députés... mais les femmes continuent à n’être que moins de 5,6% des sénateurs. Principale raison de cette évolution : des mesures temporaires incitatives prises par certains partis politiques.
Le score est meilleur au niveau européen, puisque l’on compte 40,2% de femmes parmi les députés français depuis le 13 juin 1999 et Nicole Fontaine assure la présidence du Parlement européen.
Au niveau local, on trouve 21,7% de femmes dans les conseils municipaux, mais seulement 7,5% exercent une fonction de maire. Une seule femme préside un Conseil Général.
Au niveau du gouvernement, on trouve 6 ministres et ministres délégués sur les 17 que compte l’équipe et 3 secrétaires d’Etat sur 11. S’il fut constaté par les participants à la 5e Conférence mondiale sur les femmes, que les ministères occupés par des femmes restaient dans l’ensemble cantonnées au secteur social, à savoir éducation, santé, femmes et affaires familiales, tirons notre chapeau au gouvernement qui a également confié l’emploi et la solidarité, la justice, la culture et la communication, l’aménagement du territoire et de l’environnement, ainsi que la jeunesse et les sports à des femmes.

Une volonté politique

Le gouvernement français se targue d’une réelle volonté politique en matière de participation égalitaire des femmes à la prise de décision... à cet effet, une révision de la constitution a été décidée et un projet de loi est en cours afin de " favoriser l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives ". La sphère se limite donc au politique... mais le domaine professionnel a sa propre loi, même si elle n’a guère d’effet ! Autre preuve de la volonté politique du gouvernement, lors de la conférence " Femmes et hommes au pouvoir " en avril 1999 à Paris, des propositions françaises pour un plan d’action ont été présentées. Ce plan comporte sept axes d’action :
- définir une stratégie d’action globale et de partenariat ;
- mettre en place un dispositif statistique ;
- agir sur la perception de l’image de la femme dans la société ;
- rénover la démocratie ;
- affermir le progrès économique et social ;
- rendre le secteur public exemplaire dans la répartition équilibrée des postes de décisions (un plan en 17 points concerne spécifiquement ce secteur)
- renforcer la qualité du dialogue social.
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L’intérêt d’une stratégie d’action globale

On peut être pour ou contre la nécessité de faire adopter des mesures d’action positive en faveur de l’égal accès des femmes aux postes de pouvoir, les autres pays nous éclairent de leurs résultats ! Cela fonctionne, notamment dans les pays d’Europe du Nord ... mais attention, les mesures s’inscrivent dans une politique hommes / femmes et pas spécifiquement femmes. Les mesures concernant la garde des enfants s’adressent aussi bien aux hommes qu’aux femmes. Et les hommes interrompent plus volontiers leur carrière quelques temps (en Suède, ils sont obligés de prendre au moins un mois... et hop)... au delà de la personnalité profondément machiste au final de la grande majorité des Français, un bien plus grand nombre d’hommes pourrait s’avérer intéressés par ce type de mesure. Mais elle devrait alors sans aucun doute, pour avoir des effets, revêtir le verdict d’obligation. En effet, l’inégalité des salaires guette et impose son scénario en l’absence de contrainte : prenons ne serait-ce qu’un couple à revenu moyen, les deux conjoints ayant des compétences similaires, des postes similaires, une possibilité d’évolution similaire (c’est vrai, on approche l’utopie, mais admettons), la femme aura toujours un salaire plus faible (la moyenne est de 27% d’écart)... ce couple procède à une petite analyse de ses finances incluant les frais de gardes et frais dérivés et autres aides... le verdict tombe, autant que l’un des deux s’arrête de travailler... et que croyez-vous qu’il advient dans la majorité des cas : la femme stoppe pendant quelques années, sans doute au grand soulagement de ses viscères... pendant quelques temps seulement... Au-delà de cette situation, il apparaît donc que toutes les mesures (dont le rééquilibre des salaires) qui pourront être prises en faveur des femmes et de leur " promotion ", quel que soit le secteur, se répercuteront sur les différents items les concernant... d’où l’intérêt d’une politique globale ou coordonnée en la matière.

A quand les retombées ?

Il est évident qu’un des intérêts de l’accès des femmes aux postes de décision, notamment politique, est l’amélioration des politiques mises en œuvre et surtout la prise en compte, au sein de ces politiques, de la dimension du genre. Soit l’exercice est difficile, soit l’accès au pouvoir estompe toute vélléité genrée, toujours est-il qu’aucune décision ne semble être prise en ce sens en France, aujourd’hui. C’est d’ailleurs pourquoi Marie-Victoire Louis, sociologue, nous fait partager son interrogation sur le site des Pénélopes : la politique du gouvernement Jospin est-elle féministe ?


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