Accueil du site > Ressources > Afrique : solidarité toujours

Afrique : solidarité toujours

dimanche 1er octobre 2000, par Nicolas Bégat



Moteurs de l’économie africaine dans les faits, les femmes n’en sont pas moins considérées comme mineures à ce niveau. Quant à leur accès à des postes de pouvoir, il faut se dire qu’impossible n’est pas africain pour y croire et y parvenir. Certes, elles ne sont pas nombreuses dans les instances décisionnelles, mais leurgros atoût : elles font parler d’elles et œuvrent pour les femmes !


En Afrique subsaharienne, les études faites par plusieurs institutions des Nations Unies confirment la faible participation des femmes dans les instances de prise de décisions. Dans dix pays africains, il n’y a aucune femme au gouvernement et lorsqu’elles y sont, elles se voient confier presque toujours des portefeuilles secondaires. Il s’agit généralement des ministères des Affaires sociales, de la Promotion féminine, de la Santé, ou, encore plus rarement, de l’Education. Toutefois, il existe plusieurs exceptions. En 1997, on relevait ainsi qu’aux Seychelles, les femmes occupent un quart des portefeuilles considérés comme ministériels : au Mozambique, elles sont 15 % ; en Guinée, 13 % ; au Zimbabwe et au Burkina Faso, 12 % ; au Ghana, 11 % ; au Bénin, en Côte d’Ivoire et au Rwanda, 10 %.
Si peu de femmes occupent des postes de décision, en revanche, elles sont mieux représentées dans les Parlements. En 1999, elles étaient 29,8% en Afrique du Sud. En 1998, 23,5% au Parlement des Seychelles ; 12 % au Sénégal et au Mali ; 17 % au Rwanda en 1994,

Adoption de quotas

Plusieurs pays africains se sont lancés dans la mise en place de quotas afin de favoriser l’accès des femmes aux décisions politiques. Ainsi l’Assemblée nationale nigérienne a voté un projet de loi en faveur des quotas minimum de 25% de femmes élues et dans la haute administration. Ce système de quotas s’appliquera également lors de la désignation des membres du gouvernement et aux promotions de carrières. Quelques paramètres concernant ce pays sont révélateurs de la grande difficulté des femmes dans leur accession au pouvoir. En effet, l’Afrique est parmi les continents les plus touchés par la discrimination des filles face à l’éducation. Au Niger, si les femmes représentent 51% de la population, leur taux d’analphabétisme frôle les 92%. A cela s’ajoute que presque 48% d’entre elles sont mariées avant l’âge de 15 ans et que l’âge moyen de la première maternité s’établit à 14 ans. Ces femmes occupent bien souvent des fonctions sociales de première importance dans le cadre de la famille mais n’en restent pas moins écartées du pouvoir... d’où leur formidable mobilisation qui a abouti à ces quotas.

Elles pensent à elles

Les exemples africains nous montrent la solidarité qui existe entre les femmes, puisque celles parvenant au pouvoir pensent avant tout à faire établir des politiques tenant compte des femmes. Ainsi, en Ouganda, la participation des femmes à la prise de décisions a une incidence sur la nature des politiques adoptées. Pour ce qui est de la politique de santé, par exemple, un des secrétaires d’État qui en ont la charge, - une femme - a insisté pour qu’elle tienne systématiquement compte des problèmes des femmes. Un séminaire a été organisé et une consultante recrutée pour faciliter cette prise en compte, ce qui a eu un impact positif. Pour la première fois, la politique de santé traite de la violence à l’égard des femmes et propose de ventiler les données par sexe. Le problème maintenant est de la mettre en pratique, ce qui risque de susciter bien des résistances, explique le ministère de la Santé.

Elles communiquent mieux

Autre preuve de la solidarité entre les femmes africaines, elles sont à l’origine de nombreuses initiatives pour informer et former les femmes, afin qu’elles puissent accéder au pouvoir... et cela passe notamment par des " causeries radiophoniques ". Les Africaines ont compris le pouvoir des médias, et avec leur généralisation et notamment l’avènement de l’internet, elles se sont emparées de certains créneaux. Dans les autres pays, les médias sont bien trop peu utilisés pour changer la perception qu’à la société des femmes (ménagère ès tâches domestiques ou superwoman), pour initier l’implication des hommes dans la vie de famille... Quelques articles, portraits de maires et conseillères municipaux pointent leur nez en France, à quelques mois des municipales... dans les journaux féminins.

P.-S.

Elsa Boulet

SPIP | Se connecter | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0