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Beijing + 5 : globalisation des actions

dimanche 1er octobre 2000, par Nicolas Bégat



Ce n’est pas une Conférence qui changera les choses du jour au lendemain. Tous les individu-es de bonne foi en conviennent. Néanmoins, le rendez-vous international de juin 2000 à New-York, 5 ans après la Conférence mondiale des femmes de Pékin, permet de faire un point précis de la situation des femmes dans le monde et redonne un coup de fouet à la mobilisation générale.


Si l’on peut certes noter quelques progrès en matière d’accès des femmes aux postes de décision et au pouvoir, bien des chantiers lancés en 1995 n’ont pas été investis. " Femmes 2000 : égalité entre les sexes " a permis de les réafficher et de les préciser, voire de les compléter et surtout de globaliser les actions autour de la question des femmes.
Dans la plupart des pays, l’électorat féminin a beau être majoritaire, la représentation féminine au niveau mondial, aux rangs les plus élevés des structures décisionnelles nationales et internationale n’est estimée qu’à 13% et n’a visiblement pas connu d’évolution majeure depuis la 4e conférence mondiale sur les femmes en 1995. En août 1999, on ne dénombrait que 10 femmes aux postes de chefs d’Etat et de gouvernement, respectivement au Bangladesh, au Guyana, en Irlande, en Lettonie, en Nouvelle-Zélande, à Panama, à Saint-Marin, au Sri Lanka (présidente et premier ministre) et en Suisse.
Le programme d’action adopté à Beijing précisait plusieurs points :
- l’examen de la vie des femmes en le replaçant dans le contexte social, économique et politique ;
- une égale participation des femmes aux prises de décision pour des questions de justice et de démocratie, mais aussi et surtout, parce que c’est une condition nécessaire pour que les intérêts des femmes soient pris en compte. ;
- le même droit pour les femmes que pour les hommes à participer à la gestion des affaires publiques ;
- leur contribution à redéfinir les priorités politiques.
A l’issue de la conférence de Beijing, deux objectifs ont été définis :
- assurer aux femmes l’égalité d’accès et la pleine participation aux structures du pouvoir et de la prise de décisions
- renforcer les capacités des femmes pour leur permettre de participer à la prise de décisions et d’exercer des responsabilités.
De nombreux traités internationaux, la Déclaration universelle des droits de l’homme en premier lieu, consacrent le principe de la participation égale des femmes et des hommes dans les structures du pouvoir et de la prise de décisions. Mais les textes ne sont que des mots. Et il est apparu, lors de la 41e session en 1997, de la Commission de la Condition de la Femme aux Nations Unies, que la suppression des pratiques discriminatoires et l’introduction de mesures préférentielles étaient des moyens efficaces de remédier à la sous-représentation des femmes aux postes de décision.

Globalisation des actions

Le compte-rendu de la conférence mondiale des femmes 2000 présente l’ensemble des objectifs redéfinis suite à l’évolution constatée de la situation des femmes au niveau mondial depuis 2000. Il reprend les 12 points de la plate-forme de Beijing, mais le plan d’actions globalise les objectifs à atteindre pour améliorer la situation des femmes selon ces 12 points-clés.
Il est vrai que tous sont intrinsèquement liés. Une meilleure image des femmes, autre que celle véhiculée au fil des décennies, " la ménagère derrière ses fourneaux et marmots " contribuera à initier des démarches égalitaires par rapport aux hommes, au niveau professionnel par exemple. Ajouté à un meilleur accès à l’éducation, ce sera un premier tremplin à une participation plus égalitaire aux postes de décision. Une meilleure représentation au sein des instances de pouvoir devrait alors permettre d’agir au niveau de la santé des femmes... et de leur éducation, etc. On boucle la boucle...
Bien sûr, reste à mettre en pratique et l’on peut constater que cette boucle connaît malheureusement quelques interruptions, comme en témoigne l’exemple de la France . Dans son rapport, le Lobby Européen des Femmes (LEF) le signale : de façon générale, la question des femmes dans la prise de décision est inséparable, d’une part d’une évolution des mentalités qui doit être activement encouragée et d’autre part, de tout un éventail de mesures dans d’autres domaines, en particulier l’emploi ; la question de la promotion des femmes au pouvoir ne peut donc pas se régler par des mesures isolées, mais fait partie d’une stratégie d’ensemble, en particulier pour ce qui concerne la promotion des femmes au pouvoir dans d’autres domaines que la prise de décision politique.

De l’intérêt de mesures

Concernant l’égale participation des femmes au pouvoir et aux postes de prise de décisions, deux situations actuelles tendent à montrer l’efficacité de mesures d’action positive. Ainsi, le Danemark, la Suède, les Pays-Bas et l’Allemagne ont pris des mesures législatives visant à faire disparaître les déséquilibres de représentation. Les pays nordiques s’affichent ainsi avec les taux de représentation féminine dans leurs assemblées les plus forts ! A l’inverse, en Europe de l’Est, la suppression des quotas féminins a provoqué la chute du pourcentage de femmes dans les parlements. Si on voit l’intérêt de prendre des mesures impliquant des quotas de représentation féminine, notamment dans les structures politiques, reste à espérer qu’elles pourront conserver un aspect temporaire, comme le souhaitent les pays ayant mis en place de telles législations.

P.-S.

Elsa Boulet

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