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Qui s’intéresse au rugby ?

Panem et circences (du pain et des jeux)

samedi 6 octobre 2007, par Anne

Gageons que le rugby féminin est, pour un bon moment encore, à l’abri de la médiatisation à outrance.
La photo ci-dessus est, à cet égard, une rareté. Elle est extraite d’un très joli travail de la photographe Corinne Provost sur le rugby, intitulé ovaliE.
Mais au fait, pourquoi tout ce bruit autour de la coupe du monde des messieurs cette année ?

Il fut un temps, pas si lointain, où le rugby, sport peu médiatisé, apparaissait plutôt sympathique, même aux ignorant-e-s, du fait, peut-être justement, de l’absence de médiatisation. On n’était pas gavé-e de rugby par les médias, même aux temps de grosses compétitions, on pouvait ignorer ce qui s’y passait, c’était un sport discret. Epoque révolue ! — Du moins pour le rugby masculin, car le rugby féminin, dont l’existence n’est officielle que depuis 1998, lui, est resté discret : qui sait qui a gagné la coupe du monde 2006 ? Alors ?… On sèche ?…
La Nouvelle-Zélande !
Mais au fait, pourquoi tout ce bruit autour de la coupe du monde des messieurs cette année ? Que la médiatisation permette à beaucoup (clubs, intermédiaires divers, marchands de pub, de maillots et autres produits, joueurs…) de gagner plus (sans travailler plus, mais c’est une autre histoire), c’est certain, que cela arrange le pouvoir, cela va sans dire (le peuple veut du pain et des jeux, c’est une affaire entendue depuis l’antiquité !), mais pour qu’il y ait médiatisation encore faut-il que des journalistes jouent le jeu : médiatisent, relayent, diffusent à répétition, matraquent. Et dans tous les médias, ils/elles y participent de bon cœur. Pour quelle raison ? Quelles peuvent bien être leurs motivations ? En quoi le rugby est-il devenu indispensable à nos vies alors qu’on ne s’en souciait pas hier ?
Et ça marche ! Ce bourrage de crâne, l’aptitude des médias à manipuler l’opinion, à créer des besoins, des appétits nouveaux et superflus me sidère à chaque fois. Tout comme la propension de l’humain à aller là l’on on veut l’emmener, en l’occurrence devant la télé. Sur un sujet comme celui du rugby, ce n’est pas trop grave, après tout, il ne s’agit que d’un spectacle, il faut bien se distraire. A propos de futilité d’ailleurs, quelle rigolade ! Heureusement qu’il s’agit d’une affaire d’hommes, de vrais (et de gros sous, un peu), imaginez que le rugby soit un sport surtout féminin, ne se gausserait-on pas de ce problème crucial : la couleur du maillot des joueurs en quart de finale (France/Nouvelle Zélande, pour ceux et celles qui étaient sur Mars ces dernières semaines) ? Finalement, je les plains, ces joueurs, pauvres publicités ambulantes qui ont vendu leur corps à une divinité qui en fera des vieux avant l’âge et leur prescrit jusqu’à la couleur de leurs chaussettes. "Du pain et des jeux"… quoique beaucoup plus cruels et surtout plus expéditifs, les jeux du cirque sont-ils si loin des spectacles d’aujourd’hui ?

P.-S.

Anne Toromanoff – octobre 2007

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