...Qui veut, peut compléter la liste !
Allez, regarde près de toi. Les caissières de la grande distrib’ à temps partiel imposé, les délocalisées, les préretraitées de force, les précarisées, femmes de ménage de jour ou de nuit, les serveuses en restauration…
Quoi ? J’exagère ? Je vois tout en noir ?
Il y a eu des progrès quand même. Les femmes ici vivent mieux. Elles ont gagné des droits et leur liberté. Tiens, au hasard, la loi sur la parité en France, ça a fait avancer les choses.
Ah ouais ? Même le Conseil économique et social qui vient de publier un livre à l’occasion du 8 mars sur la mixité confirme : le plafond de verre existe et il faudrait bien se remuer si on veut arrêter de « tendre vers la parité » pour y parvenir vraiment. 73 ans. Il faudrait 73 ans au rythme actuel pour que les conseils d’administration des entreprises comptent autant de femmes que d’hommes !
Si on jette un œil du côté politique, le paysage n’est pas plus radieux. L’Assemblée nationale est toujours aussi terne, monogenre si l’on peut dire. Enfin, les élections approchent à grands pas. Présidentielle en avril-mai, législatives en juin. Ça pourrait peut-être changer ? Plus de députées et une présidente de la République ?…
Oui, mais… une femme, quand même. Il faut d’abord qu’elle soit compétente, parce qu’à cette place-là, il est inenvisageable de désigner n’importe qui.
Tu veux dire que finalement le sexe n’a pas d’importance ?
Oui. Ce qui compte c’est le programme. Enfin, c’est un peu plus compliqué. Tu vois, il y a une relation spécifique entre les Français-e-s et le chef de la Nation. Comme un lien direct qui doit s’établir, une confiance, une sorte d’identification. Alors, une femme, oui, mais à condition que le peuple soit prêt. Et que la dame ait vraiment pris la mesure du rôle.
Ah bon ? Tu crois qu’une femme qui s’est battue dans son propre parti de gauche pour être candidate, qui sillonne la France, l’Europe et même le monde, qui donne son opinion sur la défense, l’éducation, le conflit au Moyen-Orient, le rôle de la Banque centrale européenne, la situation d’Airbus, les délocalisations, l’emploi, la santé, les relations Nord-Sud, etc., tu crois sincèrement qu’elle n’aurait pas vraiment conscience de la place qu’elle brigue ?
Non, ce n’est pas exactement ça qui me pose question. En réalité, je m’interroge. Le clivage gauche-droite, je trouve que c’est dépassé. On en est à un point où ces oppositions sont stériles. Notre pays est en crise. Une crise qui touche toutes les catégories sociales, les générations, et tiens, les hommes comme les femmes. Moi, je crois qu’aujourd’hui seule une approche consensuelle des questions peut faire avancer tout le monde efficacement. Alors, mon vote, il va plutôt se déterminer à partir de la capacité d’un-e candidat-e à rassembler les forces vives, à franchir une nouvelle étape : celle de la réconciliation entre les gens de bonne volonté, désireux de retrousser les manches pour faire repartir le pays. Vraiment, je pense que c’est là que se situe la véritable urgence.
En réalité, tu veux dire que le fait qu’une femme devienne présidente de la République ne constitue pas une urgence ? Surtout si elle est de gauche ? Et qu’en plus elle revendique un combat féministe et que sa première loi sera contre les violences faites aux femmes ? Que cela ne changera rien, ni personne ? Mais, au fait, tu m’as toujours dit que tu votais socialiste ?
Je ne voulais pas te choquer mais puisque tu me pousses, ben oui, j’assume : tes histoires de féminisme, de loi pour les femmes, c’est franchement moins porteur qu’une union nationale consensuelle, moins moderne. Vous, les féministes, à chaque fois qu’on discute avec vous c’est pareil ! Vous êtes incapables de prendre du recul, de vous situer sur un terrain vraiment politique. Vous ressassez les mêmes rengaines. Comme si le monde pouvait se penser à travers vos misères et vos tracas. Bon, allez, je file. Il y a « question pour un candidat » sur TF1. Désolé. Tu ne m’en veux pas au moins ? Bon, tant mieux. On reprendra la discussion une autre fois. Mais fais moi plaisir, réfléchis avant de te décider, hein ? Schmack. Bises. Tchao.
Zut alors ! Cette année, le 8 mars n’aura même pas duré une journée !