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In the name of god

lundi 29 janvier 2007, par Dominique Foufelle


L’exposition de sculptures de l’artiste danoise Jens Galschiot a interpellé un grand nombre de participants au Forum. La sculpture la plus controversée, bien entendu, était celle qui représentait la crucifixion d’une jeune fille enceinte. Pour l’artiste, cette œuvre se veut une virulente critique d’une lecture fondamentaliste extrême de la bible qui conduit à encore plus de souffrance au sein des groupes les plus exposés. Elle a aussi pour intention de militer pour le droit à la contraception et pour une meilleure éducation sexuelle.
Cette exposition a servi de support aux représentations de la troupe du Forum Théâtre, réunissant, à l’occasion du Forum, les membres de deux troupes ougandaises, dont la pièce Off the cross a donné lieu à un intéressant débat avec le public.
Un grand merci à ces artistes pour leur travail, et pour rappeler à celles et ceux qui en doutaient encore, que l’art fait partie des luttes sociales à part entière.

Jens Galschiot rappelle à quel point l’alliance sacrée de l’administration Bush et du Vatican a pour conséquence la propagation de comportements à haut risque. Tous deux prônent l’abstinence jusqu’au mariage comme seul moyen de se prémunir contre le SIDA et dénigre toute campagne d’éducation sexuelle et de prévention, les considérant comme un encouragement à la volupté et à la débauche.

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Un exemple est particulièrement frappant. En Ouganda, suite à de nombreuses campagnes d’information et à la distribution gratuite de préservatifs, le taux de contamination par le VIH avait chuté de façon significative jusqu’en 2003. Malheureusement, sous la pression de l’administration Bush, grand pourvoyeur de fonds, les campagnes de prévention ont laissé la place à des campagnes prônant l’abstinence. Les résultats ne se sont pas fait attendre, et le nombre de contaminations annuel est passé, entre 2003 et 2005, de 70 000 à 150 000 cas.

Cette exposition a servi de support aux représentations de la troupe du Forum Théâtre, réunissant, à l’occasion du Forum, les membres de deux troupes ougandaises. Avant de présenter leur pièce, intitulée Off the cross, qui avait lieu devant la « vierge » de Jens Galschiot, un acteur interpellait le public au nom de la troupe. Il demandait aux spectateur-trices présent-es qui, à leur avis, aurait dû se tenir sur la croix à la place de la jeune fille. Les membres du public ne se sont pas privé-es d’y placer entre autres, le pape, la foi, le patriarcat… Après quelques minutes de discussion et de débat, la représentation en elle-même a commencé. Il s’agissait d’une petite scène de la vie courante, où une mère de famille apprend à son époux qu’elle a croisé sa fille au bras d’un jeune homme et qu’en raison de l’âge de leur enfant, 16 ans, il serait bon de lui parler des risques qu’elle peut encourir à avoir une relation sexuelle. Le père ne veut pas en entendre parler, et préfère arrêter de payer les études de sa fille pour la forcer à travailler ou à rester à la maison. Celle-ci, ne voulant renoncer à son éducation, se retrouve à demander de l’aide à une personne de sa connaissance, qui accepte de payer son école, en échange de quelques « faveurs ». La pièce se termine lorsque l’on apprend que la jeune fille de 16 ans est désormais enceinte… Le débat avec le public peut reprendre. Cette intrigue assez simple n’était que le support à une discussion sur la place qui devrait revenir à chacun dans l’éducation sexuelle des enfants. La conclusion de ce débat, très bien conduit par les acteurs, était que les personnes le plus à même d’éduquer leurs enfants, de les prévenir des risques inhérents au commencement de leur vie sexuelle devraient être les parents. Laisser cette tâche incomber à d’autres, et en particulier aux institutions religieuses, étant le meilleur moyen d’aboutir à la catastrophe.

P.-S.


David Boutigny - Nairobi, 26 janvier 2007

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