Nouvelle année, vieilles lunes

Quoi de neuf en janvier ? L’année, sinon ce sont plutôt de vielles lunes qui pointent à l’horizon. C’en est presque décourageant de déjà-vu, lu ou entendu.
Une campagne présidentielle qui s’annonce morose alors qu’on devrait pouvoir se réjouir qu’une femme soit pour une fois en mesure de l’emporter. Non seulement le bonheur n’est pas à l’ordre du jour, mais on dirait que personne ne veut plus rien, comme si rien ne pouvait changer vraiment, sauf pour devenir pire.
D’après un sondage publié par Libération, 48% des français-e-s pensent ne pas être à l’abri du risque de devenir SDF un jour : c’est presque la moitié des personnes interrogées qui n’attendent rien de bon du modèle économique dominant, dont aucun-e des deux candidat-e-s principaux n’a pourtant l’air de vouloir sortir, quant aux autres, les anti-libéraux-libérales, ils/elles sont trop occupé-e-s à se battre pour proposer un projet digne de ce nom. Autrement dit, 48% des personnes interrogées craignent les effets du libéralisme économique et de la sainte croissance qui va avec et que l’on attend comme d’autres le messie, mais ni l’économie ni le bien-être des gens ne sont l’enjeu de la campagne électorale.
L’insécurité sociale ou sociétale est à nouveau à la une, mais, curieusement, celle qui fait qu’en 2006, en France, une femme est morte tous les trois jours victime de violences conjugales [1], perdure dans le silence.
Quand on entend parler de femmes, si ce n’est pas pour les féliciter de leur taux de fécondité record qui place la France à la tête de l’Europe, c’est par exemple de ces « prostituées » (forcément) assassinées en Grande–Bretagne puisqu’elles traînaient dehors ou, pour rester outre-manche, de celles qui boivent comme des étourdies et qui ne devraient pas s’étonner d’être agressées.
En 2007 mesdames, rentrez chez vous pendant que vous en avez encore un (de "chez-vous") qui ne soit pas une tente, restez-y et faites le ménage pour ne pas attraper le cancer du sein [2]. Voilà l’horizon 2007. Un peu étriqué non ?
Alors 2007, souhaitons-là nous autrement : imaginative, résistante, active, militante.
Au delà des souhaits, rappelons-nous que le pire n’est jamais certain et que la force de l’être humain est de poser des questions, bien plus que d’y répondre, de ne pas indéfiniment accepter les choses comme elles sont. Nous pouvons lézarder la force des choses qui semblent inéluctables. La société profondément inégalitaire et de plus en plus injuste dans laquelle nous vivons montre ses limites. Tant mieux ! Plus besoin de démontrer qu’il est temps d’inventer d’autres façons de s’organiser et de vivre, l’évidence s’impose. Il faut en prendre conscience. C’est là que les féministes doivent saisir toutes les opportunités de participer, de faire entendre leurs voix. Il faut construire un autre monde et cela se fera avec nous. Renforçons nos réseaux, construisons ce qui nous manque là où nous sommes, changeons ce qui peut l’être, et 2007, finalement, souhaitons-là nous aussi constructive !