Alors on s’en retourne chacun-e heureux-se en se disant que si tant de personnes se mobilisent et veulent réellement se donner les moyens de repenser nos sociétés, alors tout est possible. Et pourtant, quelques jours après la clôture du FSM, la réalité nous rattrape. Rien ne semble avoir changé. Et on se demande ce que vont devenir nos belles stratégies…
Espoir d’un nouveau féminisme
Peut-être y avait-il une différence d’enjeux dans le cas des mouvements féministes. Contexte oblige, à un peu plus d’un mois de la conférence de Beijing+10, conférence qui se tiendra en mars prochain à New York, il est temps de faire un bilan et de se rassembler pour recadrer les objectifs du mouvement féministe. En effet, depuis la Déclaration de Beijing en 1995, la question des femmes prend une part plus grande dans les problématiques sociales générales. D’ailleurs il devient très politiquement incorrect de ne plus prendre en compte les femmes.
Un cadeau empoisonné ? Peut-être puisque les associations de femmes sont désormais en concurrence avec les autres associations et ONGs de développement. En tout cas, les Feminist Dialogues deuxième version, se sont tenus en marge du FSM et ont clairement posé les enjeux du mouvement féministe désormais tourné vers l’intégration au sein des mouvements sociaux pour une meilleure représentation et une meilleure élaboration de stratégies. En effet, s’il n’y a pas d’interaction entre les différentes orientations sociétales présentes au sein de FSM, le nouveau monde pourrait être une mosaïque de propositions juxtaposées voire contradictoires... Les problématiques féministes doivent être intégrées dans d’autres projets de changements sociaux pour enrichir le prisme altermondialiste et concevoir un nouveau monde.
A quand la passation de relais ?
Une des grandes innovations de ce FSM fut l’« autogestion » des ateliers. Les associations et autres intervenant-es du FSM qui organisaient les ateliers devaient s’en charger de A à Z et en toute liberté. Ils prenaient donc en main son sujet, sa mise en place et les partenaires avec qui ils-elles intervenaient. Et oui, le Comité International d’Organisation leur a laissé « carte blanche », le seul cadre d’action imposée étant la répartition des ateliers sur neuf espaces thématiques de discussion. Et dans l’ensemble, cela a bien fonctionné. Seul couac : les problèmes de traduction. Il y a eu un certain « cafouillage » quant à la répartition des traducteur-rices et des émetteurs. Néanmoins cela n’a pas tant troublé le bon déroulement des ateliers. Magie de l’improvisation et symbiose des participant-es, le « portugnol » est devenu roi.
Cette proposition démontre une claire intention d’impliquer plus amplement les participant-es, intervenant-es dans le forum social, créer une véritable appropriation non seulement de l’événement mais également du mouvement altermondialiste en soi. Dépasser une organisation hiérarchique du forum. Mais au-delà de cette question, il est nécessaire de s’interroger sur la transmission. Même si le Comité Internationational d’organisation du FSM a clairement exposé sa volonté de créer une dynamique du mouvement qui part de sa base, soit les participant-es, la question de la pérennité de ce mouvement reste posée.
En effet, on se réjouit de la présence massive de jeunes au FSM. Mais quelle est leur participation ? La plupart sont des membres actifs dans les associations, dans les réseaux altermondialistes, mais peu d’entre elles/eux sont présent-es dans les tables rondes ou bien dans les ateliers (excepté bien sûr lorsque les thématiques portent sur la jeunesse). Or, à la marge du forum, dans le campement de la jeunesse, se sont organisés des centres d’action et de réflexion portant sur la question des femmes, la communication et les logiciels libres, la culture urbaine voire la ville en général… Trop difficile de sortir du campement ou bien n’ont-ils/elles pas leur place dans le FSM ? Il est urgent que ces deux « mondes », les ancien-nes et les jeunes, se rencontrent et dialoguent.
Se construire une mémoire commune...
Cinq ans. C’est peu mais déjà une histoire. Depuis le premier Forum Social Mondial de Porto Alegre, les organisateur-rices ont eu le souci de recueillir les témoignages et les comptes rendus des ateliers pour créer une mémoire. Ce cinquième forum, riche des propositions des quatre FSM précédents, tente d’avancer d’un pas dans ce travail de mémoire avec le mur des propositions. Le projet ? Recueillir les propositions de stratégies qui émanaient des ateliers. Résultat : le 31 janvier au matin près de 352 propositions ont été réunies (on laisse même entendre qu’il y en avait près de 500). On pourra les retrouver sur le site www.memoria-viva.org très bientôt après traduction des propositions en cinq langues. Mosaïque de stratégies qui peut être pourra amener à des actions alternatives concrètes…