Le 8 mars 2005, Iara da Rosa, militante active du bloc Ile Mulher et bénévole de la casa da convivencia (lieu d’accueil diurne pour les sans abri, article à venir le mois prochain), a pris la présidence du Conseil des Femmes à Porto Alegre.
Loin d’être un prestige, cette nouvelle fonction constitue avant tout, pour Iara, un moyen d’ouvrir le conseil, de le dépolitiser et d’amplifier son travail de sensibilisation à l’échelle de la ville entière.
En effet, selon Iara, jusqu’ici le conseil restait fermé à une douzaine d’entités, "les amies du roi". Il effectuait plus un travail pour faire "briller la vitrine" et servir des intérêts politiques qu’un travail de terrain au quotidien au service des populations.
Iara souhaite profiter de cette année pour ouvrir largement le conseil à l’ensemble de la population et des entités qui travaillent de près ou de loin sur la question des femmes. La proposition est d’améliorer la représentativité de la société civile au sein de ce conseil afin que les discussions fusent et que des projets d’action se réalisent. Le récent changement à la mairie de Porto Alegre laisse planer beaucoup de doutes sur la manière dont seront conduites les politiques sociales mais cette période de transition ouvre aussi une brèche dans laquelle la société civile doit s’engouffrer.
Le conseil des Femmes a non seulement un rôle délibératif et consultatif par rapport à la municipalité mais aussi un rôle informatif auprès de la population.
Il s’agit donc de multiplier les conférences, les discussions et toutes autres sources d’information au plus près des femmes, c’est à dire dans les quartiers et toutes les favelas de Porto Alegre.
Ainsi les femmes qui n’ont pas les moyens d’acheter un ticket de bus, qui n’ont aucune aide pour garder leurs enfants ou qui n’osent pas entrer dans les salles du centre ville, pourront avoir accès à un ensemble d’informations les concernant (santé, violence, droits....), avoir des réponses et être écoutées.
Enfin, Iara da Rosa souhaite aborder un autre point sous-jacent : la question des Hommes et la construction de la masculinité. En effet, au fil de son expérience militante et de son travail de terrain, elle a compris que les problèmes des femmes doivent se traiter non plus de particulièrement mais globalement. Une réflexion à mener aux cotes des hommes est donc nécessaire pour changer les mentalités et préjugés.
Iara da Rosa sait dores et déjà qu’il y aura des résistances et que beaucoup d’énergie sera nécessaire pour donner vie a ce projet, mais elle est loin de manquer de force ou de volonté.
La tenue d’une grande fête pour la journée du 8 mars devant le parc central "da Redençao" où furent conviés l’ensemble des entités féministes, les groupes de femmes porteuses d’économie solidaire et divers groupes d’artistes est une des premières réussites, illustrant à ses yeux, l’ouverture et le pluralisme qu’elle souhaite. Cette fête a permis de lancer une nouvelle dynamique...