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Recherche d’emploi : un parcours de combattante…

lundi 28 février 2005, par Laurence

Et voilà, c’est parti… Finies les études, commence la recherche d’emploi. J’ai 24 ans, je suis mariée. Eh oui, c’est plutôt rare de nos jours de voir une jeune femme agnostique de cet âge-là déjà mariée… Là, vous vous demandez où se trouve le rapport entre mon mariage et la recherche d’emploi ? J’y arrive…

Septembre 2004, débutent les entretiens. Avant même de m’interroger sur mon parcours, mes expériences, la même phrase : « 24 ans, déjà mariée ! » suivi de sourires critiques de mes recruteurs… suivis d’un blanc… de la gêne, de leur côté uniquement car j’assume pleinement mon choix. Et puis, le leitmotiv suit : « Vous comptez avoir des enfants ? Bientôt ? »…je sais pertinemment que cette question est illégale (« l’employeur ne doit pas chercher à se renseigner sur l’état de sa candidate et ne peut en aucun cas prendre en considération une éventuelle grossesse pour justifier sa décision de ne pas embaucher la salariée. » Articles L. 122-25 et suivants du code du travail) mais comment faire lorsque l’on est en position de demandeuse ? Menacer un employeur potentiel de procès ?
Je réponds, toujours… calme mais extrêmement gênée même si je suis parfaitement consciente de l’illégalité et du machisme de cette question : « Je ne compte pas en avoir tout de suite car je désire avant tout m’épanouir professionnellement, évoluer dans une société, etc… ».
Bref, je me retrouve à chaque fois à devoir expliquer à un-e parfait-e inconnu-e une décision que je considère comme intime et ne le ou la regardant absolument pas.

J’ai passé une dizaine d’entretiens et les questions relatives à une éventuelle grossesse m’ont été posées systématiquement sans que je perçoive la moindre gêne chez mes interlocuteurs.
On nous rabâche pourtant les oreilles avec des « les questions sur les projets d’enfant sont interdites par les recruteurs, etc… n’y répondez pas ! » Les recruteurs ne regarderaient-ils pas la télé ? N’écouteraient-ils pas la radio ? Bien sûr que si mais ils savent parfaitement que personne n’osera jamais porter plainte contre eux car comment prouver que ma candidature n’a pas été retenue à cause de ça ? Je ne porterai pas plainte, en effet… mais je compte préparer des courriers avec mes coordonnées (rien à faire d’être sur leur liste noire !) et les envoyer aux différentes sociétés où des questions relatives à mes futures grossesses m’ont été posées en leur rappelant que cela est illégal. Je serai peut-être la première mais qu’importe ! Cela fera peut-être réfléchir quelques secondes un ou deux recruteurs… Ce comportement est incompréhensible ! Ces recruteurs femmes, hommes seraient-ils donc tous pour un retour de toutes les femmes au foyer ? La maternité serait-elle une maladie honteuse si handicapante qu’elles rendraient les femmes incapables de travailler correctement ? Jusqu’ici, aucune statistique n’a pu justifier de telles suppositions. Il n’est pas prouvé que la productivité d’une femme de retour de son congé maternité est inférieure à celle d’un homme.
On me dit aussi que les femmes qui ont des enfants font moins d’heures sup’ ! Cet argument est directement lié à l’inégalité des répartitions de l’éducation des enfants et des tâches ménagères dans les couples. Les femmes doivent rentrer plus tôt pour les enfants, le ménage, etc. c’est la fameuse double journée ! Plutôt que d’éviter d’embaucher des femmes en âge de procréer, combattez ces inégalités mesdames et messieurs les recruteurs. Poussez ces messieurs à tenir et assumer leur rôle au sein de leur ménage.
Février 2005, je commence demain mon premier emploi… au sein de la seule société dont aucun des recruteurs que j’ai vu ne m’a demandé si et quand je comptais procréer.

P.-S.

Sylvie V.
Février 2005

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