14h30 : arrivée à l’hôtel San Rafael (conférence prévue à 15h). Une file sans fin nous ouvre les bras. Une heure après, alors que le bureau d’accréditation presse était si proche, les organisateurs-rices en charge de la conférence de presse nous apprennent que la salle de presse est pleine. Dès lors, les jounalistes laissé-es pour compte se pressent vers les portes de la salle et se mettent à scander : "Nous ne sommes pas terroristes, nous sommes journalistes". Résultat : après réorganisation, tout le monde peut entrer dans la salle pour attendre le président Chávez. Et il se fait attendre...
Bingo !
Pour occuper l’assemblée, nous avons eu droit à un petit briefingoù on apprend que cinq questions nous sont accordées : un aux médias associatifs ou/et alternatifs, un aux médias internationaux, deux aux médias brésiliens et une aux médias vénézueliens. Et la suite est très surprenante : on assiste à un bingo improvisé. Pour ne pas être accusé de clientélisme, je suppose, les personnes choisies pour poser les questions seront tirées au sort en direct. Le suspens est à son comble. Les cinq heureux-ses gagnants déterminé-es, Hugo Chávez peut faire son entrée.
Et quelle entrée ! Accueilli sous les applaudissements, Chávez prend le temps de saluer deux, trois personnes dans la salle avant de rejoindre l’estrade. Et le spectacle commence. Prélude : présentation de sa cour de ministres qui l’ont accompagné. Ponctuant de bons mots qui rendent hilares l’assemblée, le président vénézuelien répond aux différentes questions.
Discours parfaitement interprété. Hugo Chávez nous expose par exemple sa vision du militaire inspiré de la tradition bolivarienne, enchaîne sur la problématique de la communication et nous présente son alternative aux médias privées soit la construction d’un média public latinoaméricain "télé sur". Je passe sur la manipulation médiatique dont il est victime, la création d’un accord de libre-échange basé sur le social avec Cuba, etc. On a envie d’y croire mais l’interprétation parfaitement orchestrée a comme un goût de populisme...
Et notre cher Chávez n’en restera pas là : il enchaîne sur un nouveau discours devant cette foule qui se presse. Et pour ceux et celles qui n’ont pas la chance d’être au stade, rien de perdu : le discours est retransmis par haut-parleurs à l’usine du gazomètre.
Au-delà du personnage, quelque chose dérange. Pourquoi un mouvement qui se dit sociétal et rejète tout organisme politique sort le tapis rouge aux pontes politiques d’Amérique latine ? Après Lula, Chávez. On s’égare...