L’économie globale n’est pas sans incidence sur la condition des femmes. Néolibéralisme, patriarcat : même combat.
Prenons le cas des Philippines. Du fait des plans d’ajustement structurel et des pressions des instances internationales, le gouvernement doit consacrer 95% de son budget public au remboursement de la dette. Le calcul est facile. Il ne reste plus que 5%. On peut dire adieu à toute politique sociale. Quelles conséquences ? Conditions de vie précaires, apparition d’une notion aberrante de "travailleur-ses pauvres", immigrations entraînant non seulement des pénuries de travailleur-ses qualifié-es mais également le risque d’échouer dans le système prostitutionnel.
On ne peut pas juste soupirer et trouver cela regrettable. Depuis une trentaine d’années, s’est développée une nouvelle expérimentation de l’économie sociale et solidaire. Et dans de nombreux cas, ce sont des projets portés par des femmes qui généralement, n’ont pas eu accès à l’économie globale.
Repenser l’économie
Selon le modèle économique dominant, il y a une distinction à faire entre l’économique et le social. Ce serait deux sphères indépendantes. L’économique : la richesse (on entend bien sûr richesse comme accumulation de biens), les entreprises. Le social : la pauvreté, les femmes. Ce schème est succint mais il s’agit là de souligner cette représentation socialement acceptée de la place des femmes. En effet, les femmes sont communément désignées comme responsables de l’unité familiale, lieu de reproduction de la société (sous-entendu, si la société va mal, c’est un peu la faute à bibi).
Or, comme le souligne Magdalena León de l’association REMTE, "il est urgent pour les femmes de retrouver leur place en tant qu’actrices économiques". L’économie sociale et solidaire se veut en opposition avec ce concept. Contrairement à l’économie globale, elle reconnaît l’interdépendance de l’économique et du social. En outre, elle se base sur le respect de la justice, sur l’équité et la reconnaissance de l’égalité entre les personnes et sur la collaboration de ses acteurs. On redéfinit la notion de richesse : ce n’est pas l’accumulation des biens mais la création et le renforcement du lien social.
Dans cette économie, les femmes ne sont plus considérées comme des actrices sociétales uniquement et donc exclues de l’économique. Au contraire.
Pour poursuivre ce débat, un événement est déjà à noter sur vos agendas : du 22 au 26 novembre 2005, Dakar 2005.
Organisée par le Groupe Sénégalais d’Economie Sociale et Solidaire en collaboration avec le Réseau Intercontinental pour la Promotion de l’Economie Sociale et Solidaire, cette troisième rencontre internationale de la mondialisation de la solidarité aura pour thématique "empowerment people" - grosso modo, renforcer le pouvoir du peuple.