Je tiens tout d’abord à remercier la Commission des Nations-Unis pour l’Europe pour l’opportunité que représente cette intervention. C’est un grand privilège. Je viens de Bulgarie et représente une petite ONG (ERTG) mais à ce forum je suis fière de m’identifier à l’Europe de l’Est. Dans mon pays et ma région, les femmes ont souvent été très diplômées dans une tradition de participation à l’économie de marché. Les choses ont changé et les statistiques de l’ouest de la Bulgarie montrent qu’elle est l’unique région où le taux d’activité des femmes au cours de la dernière décennie a décru. Le potentiel de compétences des diplômées reste inconnu et les femmes rejoignent le groupe des découragé-e-s au lieu de participer à la croissance économique nationale.
La consolidation technologique des femmes est appelé thème émergeant. Je pense que ce thème n’a plutôt été reconnu que récemment. Les nouvelles technologies, spécifiquement les NTIC, offrent d’immenses possibilités dans l’obtention de droits, l’élimination la pauvreté, l’opportunité d’être entendues, l’amélioration de l’égalité de genre et la lutte contre l’isolation croissante des femmes. Ce potentiel sera pleinement exploité si tous les facteurs de la fracture numérique du genre sont identifiés et neutralisés.
Nous vivons dans une société de l’information, où les femmes et les hommes devraient avoir un droit d’accès et d’usage à l’information et au savoir dont ils ont besoin. Mais le droit et sa mise en application sont deux choses différentes. L’utilisation des TIC est une nécessité vitale. Les femmes ont le besoin critique d’y accéder plus largement afin d’être intégrées à l’économie générale des savoirs. Les faits montrent que :
Les filles représentent un faible pourcentage des enfants qui utilisent Internet.
Beaucoup de filles ne sont pas intéressées par des études techniques – moins de 20% entrent en Ecole d’Ingénieur. Ce n’est pas un choix naturel mais un stéréotype qui persiste et prive les femmes d’opportunités qui semblent naturelles aux hommes.
L’Etat conduit des programmes de qualification et de réintégration au marché du travail en direction des femmes qui impliquent rarement l’appropriation de compétences associées aux nouvelles technologies. Actuellement, il n’en existe qu’un dans mon pays.
Des Centres de Communication (Community Communication Centers) n’existent pas et le commerce électronique semble toujours étrange aux femmes.
C’est pourquoi les initiatives des ONG qui encouragent l’appropriation des TIC par les femmes afin de donner de la visibilité à leur initiatives économiques encouragent l’emploi. La fondation ERTG tente d’éveiller l’intérêt des filles et des femmes sur l’utilité des NTIC, d’ouvrir le monde aux femmes afin qu’elles échangent leurs expériences, leurs réalisations et aspirations et se rendent indépendantes des accords marchands et des entreprises internationales. ERTG participe à une initiative internationale inaugurée par le réseau féministe « Les Pénélopes » qui offre des alternatives économiques aux femmes : elle vise à former des femmes porteuses d’initiatives économiques ; apprendre comment utiliser des graticiels afin de créer son propre site Internet et posséder une visibilité au-delà de sa collectivité ; franchir le fossé de la fracture numérique, améliorer les innovations en rompant avec l’isolation paralysante et en échangeant expériences et savoirs entre participant-e-s d’autres pays.
Se familiariser avec les NTIC fera indubitablement croître l’emploi, la flexibilité et l’assurance des femmes et décroître leur vulnérabilité à de nombreux abus. Nous en appelons à des opportunités de formation continue pour les femmes afin d’utiliser et modéliser efficacement et assurément les NTIC. Nous insistons sur l’importance pour chaque femme et fille de communiquer sur des espaces en-ligne en toute liberté et sécurité. Nous insistons sur la nécessité d’assurer toutes les initiatives de NTIC, programmes et politiques, dans une perspective et une égalité de genre. Nous soulignons le besoin de consolidation à tous les âges, pas uniquement les jeunes filles, des technologies à des fins de développement, d’appropriation, d’usage et d’adaptation.
Simultanément, nous sommes conscientes de tout ce qu’il y a de négatif et menaçant dans le réseau mondial : il pourrait développer des stéréotypes qui ne feraient que porter atteinte aux femmes et les exploiter, mais ceci ne doit pas aboutir à censurer, surveiller et limiter l’accès à l’information. Au contraire – les savoirs et compétences dans le champ des NTIC amélioreront leur force et leurs opportunités. C’est l’avenir et nous ne pouvons nous permettre de rester statiques et de vivre dans le passé.
Source : UNECE