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D’un cataclysme à l’autre

lundi 3 janvier 2005, par Dominique Foufelle

Tout le monde l’aura déjà remarqué, j’ai très mauvais esprit. La preuve : j’ai du mal à vibrer d’émotion devant les élans de solidarité internationale.
Un doute de mauvais aloi m’étreint : les Etats ne verseraient-ils pas des larmes de crocodile ? Je m’étonne de ne point entendre évoquer des mesures fort simples, comme l’effacement de la dette et la taxation des capitaux, grâce auxquelles on pourrait parler sérieusement d’aide à la reconstruction –quoique « reconstruction » soit un terme un peu fort s’agissant de contrées aussi démunies.

Tout le monde l’aura déjà remarqué, j’ai très mauvais esprit. La preuve : j’ai du mal à vibrer d’émotion devant les élans de solidarité internationale.
Un doute de mauvais aloi m’étreint : les Etats ne verseraient-ils pas des larmes de crocodile ? Je m’étonne de ne point entendre évoquer des mesures fort simples, comme l’effacement de la dette et la taxation des capitaux, grâce auxquelles on pourrait parler sérieusement d’aide à la reconstruction –quoique « reconstruction » soit un terme un peu fort s’agissant de contrées aussi démunies. Peut-être même songer (soyons folle !) à un développement non dépendant des touristes qui, effet secondaire prévisible et non négligeable, vont sans doute avoir tendance à se replier en masse vers un autre ailleurs.
Quant à la mobilisation populaire sur laquelle les médias s’esbaudissent… Franchement, aurions-nous eu droit à d’aussi copieuses éditions spéciales multi-quotidiennes si parmi les dizaines de milliers de morts, il n’y avait eu des touristes ? Occidentaux, forcément. Les éditions consacrent d’ailleurs un temps considérable à nous dépeindre les souffrances de ces Européen-nes qui ont découvert, de la façon la plus brutale qui soit, que l’Océan Indien n’était pas que luxe, calme et volupté (ou en version moderne : soleil, boys et petites pépées). Effectivement, c’est épouvantable et ça laissera des traces. Mais une fois close, la liste de « nos » morts le restera. Qui se souciera alors que celle des morts d’Asie continue de s’allonger via famine et épidémies ?
Pendant ce temps-là, d’autres nouvelles passent quasi inaperçues. Par exemple, celle-ci, qui touche justement l’Asie : la libéralisation totale du marché du textile à compter du 1er janvier 2005. La Chine s’étant préparée à proposer des tarifs défiant toute concurrence, après les travailleur-ses du monde occidental, puis du Maghreb et d’Europe de l’Est, ce sont celles et ceux de Turquie, de Madagascar, d’Inde, du Bangladesh, d’Indonésie… qui vont se retrouver sur le carreau. Avec rien pour remplacer cette industrie totalement artificielle qui leur avait si généreusement proposé conditions de travail abominables et salaires de misère. Les victimes de ce cataclysme pas du tout naturel vont se chiffrer en millions. Vous avez dit « solidarité » ?

P.-S.

Dominique Foufelle - 1er janvier 2005

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