La notion de GENRE fait référence aux types de rapport sociaux qui existent entre les Hommes et les Femmes dans une société donnée et à un moment donné. Souvent ces rapports sont inégalitaires. Par exemple, les sociétés associent trop souvent les femmes aux activités domestiques et de reproduction.
Comme tout concept, le concept de Genre n’est pas figé et varie dans l’espace et le temps. Souvent les classes sociales au pouvoir tendent à proposer et même imposer leur vision des rapports de genre en fonction de leurs intérêts spécifiques (économiques, politiques, religieux)...
Qu’entendons-nous par développement ? Pour nous, développement égale croissance, répartition des richesses, changements sociaux. Dans les pays en voie de développement l’importance du développement se mesure aux conquêtes sociales, économiques, qui transforment les conditions de vie des populations rongées par la misère et les inégalités. Les femmes n’ont d’avenir que dans la construction d’une démocratie participative, cadre propice au développement.
Le rapport /Genre est indispensable pour construire un développement collectif sous l’égide de la justice, de l’équité, de la complémentarité, force et satisfaction des besoins pratiques. La valeur du développement réside dans son caractère durable, apte à résoudre les besoins du présent, tout en garantissant les intérêts des générations futures. La mise en valeur du capital humain exige que l’agressivité des relations de genre soit dépassée et que la mixité intervienne pour l’amélioration matérielle et morale des conditions de vie.
Il faut éviter toute approche sectaire. L’objectif doit viser la réalisation d’un développement total, capital avec une approche inscrite dans la réalité des projets, des programmes considérés comme des véhicules de changement, et des résultats traduits par une certaine visibilité des femmes.
Propositions
Pour une approche objective et efficace de la question Genre/Développement voici quelques propositions :
1-Eclairer et orienter le débat par une théorie Genre et Développement.
2-Désenclaver, élargir les perspectives de la lutte des femmes.
3-Eduquer à la reconnaissance, l’application, et la jouissance des droits de la Femme.
4-Assurer les coûts sociaux de l’éclatement des cellules familiales dû aux luttes féministes par des projets de protection de l’enfance.
5-Dénoncer les discriminations, les violences des femmes des classes dominantes sur les femmes défavorisées.
6-Encourager les mouvements sociaux, les modèles de gestion qu’ils expérimentent.
7-Appuyer la radicalisation du changement social.
8-Tester la conscience du changement social intégral chez les couches aisées favorables à l’approche Genre et Développement.
L’approche Genre et Développement doit être appliquée dans les mouvements de femmes de conditions de vie moyennes avec des projets spécifiques comme la formation, le micro crédit, les droits des femmes... et faire réfléchir sur les aspects suivants : Genre et Foyer, Genre et Agriculture, Genre et Emploi, Genre et Stratégie de survie. Aussi les associations de femmes doivent s’unir, se fédérer, se soutenir pour arriver à une approche systématique Genre et Développement qui ne peut se faire sans l’intervention des mouvements sociaux, des mouvements populaires, des organisations féministes, les ONG, les groupes de pression. La réalité Genre et Développement doit déboucher sur des stratégies de développement pour produire des changements et déboucher sur un nouvel âge humanitaire, une nouvelle société, un nouveau Monde impossible sans les Femmes, car la Femme reste le pilier de la société. Les chiffres et les réalités suivants nous le prouvent :
Chiffres et réalités
a- Haïti a le taux le plus élevé de femmes actives dans l’Amérique Latine et la Caraïbe. Les femmes sont actives dans l’économie visible sur les marchés ou invisibles (bénévolat, travail ménager, éducation des enfants, soin des personnes âgées). Dans les pays du tiers-monde comme Haïti, elles sont le pivot du secteur informel. Elles sont les principales responsables de la sécurité alimentaire. Elles produisent plus de 55% de la nourriture mondiale. Elles apportent la moitié des aliments consommés par le ménage à travers leurs revenus.
Les femmes travaillent activement tant dans les villes que dans les campagnes. Elles sont responsables de l’économie du foyer par leur production.
b- Il faut mentionner ce grand pas qui a été effectué dans ce domaine 43 % de femmes actives reparties comme suit :
.Agriculture 82%
.Commerce 65 %
.Emploi maison 43%
.Industrie 26%
.Profession libérale 14%
.Administration 8%
.Autres, Police 2%
c- Elles jouent un grand rôle dans la production agricole (vente dans les marchés et le commerce).Elles ont une place prépondérante dans le système interne de commercialisation qui varie grandement (petites marchandes, Madan Sara...).
Les responsables des industries de sous-traitance ont une préférence pour les femmes ouvrières à cause de leur grande dextérité manuelle.
Elles sont caractérisées du point de vue économique par leur double fonction d’unité de consommation et de production. 2 traits dominants sont à signaler : leur rôle dans les activités productives et dans la commercialisation des produits.
d- Une situation qui mérite réflexion et changement c’est dans le secteur formel où les femmes constituent une main d’oeuvre à trop bon marché du fait de leur analphabétisme, de l’absence de formation ou du manque de qualification. L’emploi salarié leur procure des revenus insuffisants pour supporter leurs lourdes charges familiales. Ce qui peut les mettre dans une situation de dépendance économique.
e- Les femmes chefs de famille ou de ménage, veuves, séparées, ou mères célibataires assurent au quotidien la responsabilité économique et morale au sein de l’unité familiale. Souvent, il faut constater que les femmes du milieu rural, assaillies par des problèmes de toutes sortes : économiques, sociaux, sanitaires, ne cherchent qu’une issue : fuir la campagne pour la ville à la recherche d’un mieux-être. Cette migration vers la ville a des causes profondes qu’il faut identifier et maîtriser. Car les femmes plus que les hommes ont le souci constant de rompre le cercle vicieux de la pauvreté pour assurer un avenir meilleur à leurs enfants, notamment en leur permettant une bonne scolarité.
f- Elles trouvent leur source de revenu dans tous les secteurs économiques. On les retrouve dans le secteur informel, dans le petit commerce, les petits métiers, employées de maison, vente de sucreries, de boissons. Elles ouvrent des restaurants près des chantiers de construction où les ouvriers achètent à crédit pour payer les samedis. Avec ces gains, elles alimentent leur fond de commerce, font face à leurs obligations de famille.
g- Un phénomène qui a beaucoup contribué à leur succès est celui de main/solde ou caisse/tontine. Il draine une grande masse monétaire et constitue un réel soutien économique. Ceci montre un profond changement dans la façon de vivre, de réagir, un passage de la conception traditionnelle à une mentalité plus ouverte et plus critique.
Aller plus loin
Le mouvement féministe a donc renforcé cette conviction, à savoir que la femme est pilier de la société. Pour que ces grands pas, ces progrès puissent aller plus loin il nous faut :
.Accroître la place des femmes dans les organes de développement
.Promouvoir l’approche Genre
.Appuyer la mise en oeuvre de pratique garantissant l’égalité
.Prôner un développement efficace et efficient, équitable et durable.
.Que les femmes s’intègrent davantage au développement pour accroître leur productivité et leurs revenus.
.Une approche de Genre qui crée des outils mettant en évidence certaines réalités comme les situations concrètes des femmes, leurs aspirations et potentialités.
.L’année 2005 est l’année du micro crédit. C’est plus que jamais le moment pour les femmes de se microcréditer, de se mettre ensemble pour faire partir de petites entreprises et non pas rester oisives attendant un job d’un patron ou patronne.
Nous avons à lutter pour promouvoir un environnement macro-économique favorisant le libre commerce au sein de l’économie pour l’instauration de politiques économiques encourageant la croissance économique et sa viabilité par la prise de mesures de sécurité et de justice.
Les efforts des femmes dans le développement sont considérés comme un investissement à court, moyen et long terme. Leur implication a une réelle portée quand des articulations entre les situations locales, globales, nationales et régionales sont établies. L’approche Genre et Développement est une grande force vitale qui lance des défis importants qu’il faut relever si nous voulons aboutir à un nouvel ordre mondial. Chaque femme qui prend conscience de sa situation devient un agent de changement. L’expérience des femmes, 51% de la population mondiale, est indispensable pour promouvoir une meilleure société. Dans cette optique Genre et Développement apporte ainsi une production, une consommation des biens et services de la manière la plus équitable, avec le maximum participation de toute la population. Les femmes ont à participer à chaque étape de la planification des objectifs de développement, leur concrétisation et leur évaluation.
Le débat Genre et Développement ne doit pas être un sujet à la mode, ni un item frivole. L’action, les luttes les rêves et la participation effective des femmes doivent oeuvrer vers un nouvel âge qui amènera croissance économique, justice sociale, efficacité des projets, avec une approche intégrante et intégrée des femmes de manière systématique.