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Cachez-moi ces victimes...

mercredi 1er décembre 2004, par Dominique Foufelle

Un hall sinistre faiblement éclairé par une énorme fenêtre, devant laquelle un homme, de dos ; qu’on devine jeune et plutôt genre banlieues (jean dégoulinant, crâne rasé), regarde pensivement ses pieds. La légende nous apprend que nous sommes au Palais de justice de Paris. Puis, sans transition : "Entre 1984 et 2001, les condamnations pour des infractions sexuelles ont été multipliées par deux." A première lecture, l’information est consternante. Puis on se reprend : ce ne sont pas les infractions qui ont doublé, mais les condamnations. Signe que les victimes se rebiffent davantage et que la justice leur prête oreille. Plutôt une bonne nouvelle ?

Un hall sinistre faiblement éclairé par une énorme fenêtre, devant laquelle un homme, de dos ; qu’on devine jeune et plutôt genre banlieues (jean dégoulinant, crâne rasé), regarde pensivement ses pieds. La légende nous apprend que nous sommes au Palais de justice de Paris. Puis, sans transition : "Entre 1984 et 2001, les condamnations pour des infractions sexuelles ont été multipliées par deux."
C’est dans Libération du 29 novembre. Le choix de la photo étonne un peu : ce jeune homme représenterait-il le prototype du criminel sexuel ? On en doute. Passons. A première lecture, l’information est consternante. Puis on se reprend : ce ne sont pas les infractions qui ont doublé, mais les condamnations. Signe que les victimes se rebiffent davantage et que la justice leur prête oreille. Plutôt une bonne nouvelle ?
Il semblerait que non. il y aurait sacralisation des victimes, surdramatisation des violences sexuelles, nous confie l’article, qui relate le colloque "Le sexe et ses juges" organisé par le Syndicat de la magistrature. Curieux intitulé ! Il me semblait que ce n’était pas "le sexe" qui conduisait des individus devant les tribunaux, mais des violences exercées sur autrui.
Que le gouvernement joue sur la corde sensible pour se poser en défenseur de la veuve et de l’orphelin, que les médias fassent leurs choux gras "d’affaires" sordides, et que cela agace la magistrature et gêne son travail, certes. Mais la récupération politique et la surmédiatisation imbécile concernent-elles uniquement les violences sexuelles ?
A peine les victimes viennent-elles de sortir du silence, qu’on trouve déjà qu’elles parlent trop ! Serait-ce, par hasard, parce qu’elles sont des femmes et des enfants ? Oui, leur nombre a de quoi donner la chair de poule. Et ça sera pire quand toutes se seront déclarées. Si l’on veut désengorger les tribunaux, c’est à cette réalité-là qu’il faut s’attaquer.

P.-S.

Dominique Foufelle - 30 novembre 2004

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