Une opération qui, pourtant n’avait été décrétée par aucune autorité politico-administrative de la ville.
Le Ministre de l’Intérieur, sa collègue de la Condition féminine et Famille, ainsi que le gouverneur de Kinshasa se lavent les mains et rejettent chacun la responsabilité dans cette opération « filles sans pantalon ».
C’est pas moi, c’est l’autre
Le gouverneur de la ville, Jean Kimbunda, a déclaré n’avoir jamais donné un ordre dans ce sens.
Le Ministre de l’Intérieur Théophile Mbemba ne reconnaît pas non plus avoir donné un quelconque mot d’ordre pour faire la chasse aux femmes en pantalon.
La Ministre de la Condition féminine et Famille, Faida Mwangilwa, encore moins. Celle–ci reconnaît simplement avoir projeté dans les prochains jours une campagne de sensibilisation et de moralisation sur l’habillement de la femme congolaise. L’origine du dérapage est-elle à situer à ce niveau ? Peut–être, disent certains. D’autres, cependant, ne s’expliquent pas que les agents de l’ordre aient mené cette opération à travers toute la ville sans aucun ordre écrit ou verbal de leur hiérarchie.
Un conflit latent
Il faut reconnaître que les rumeurs de la chasse aux « filles en pantalon » circulaient depuis le week-end et c’est le lundi 24 octobre qu’elles ont pris des proportions inquiétantes. Sans instruction précise, les agents de l’ordre ont mené une opération contre des femmes et filles sans défense qui avaient pour seul « délit » le port du pantalon. Une douzaine de policiers ont été arrêtés pour avoir participé à l’opération.
Après cette folle journée du lundi 24 octobre, le port de pantalon est aujourd’hui au cœur d’un grand débat à Kinshasa. Faut-il interdire « le » pantalon aux femmes ou faut-il interdire ce pantalon trop moulant ?
Certains sont pour l’interdiction du port de pantalon par les personnes de sexe féminin, estimant que l’habillement de la femme kinoise frise actuellement l’immoralité avec ce pantalon qui laisse entrevoir le dessous ou le bas–ventre de la femme. Pour leur part, les religieux enfoncent encore le clou en disant qu’il n’est pas normal que les femmes puissent porter les habits d’homme.
D’autres, au nom de la tolérance et de la liberté, rejettent toute mesure d’interdiction de voir la femme en pantalon. D’autres, qui s’opposent aussi à une telle mesure soutiennent que le pantalon est vendu à un prix abordable pour toutes les bourses.
Il faut rappeler qu’au lendemain de changement de régime en République Démocratique du Congo en 1997, avec l’arrivée de Laurent Désire Kabila, la chasse aux femmes en pantalon avait été menée par les militaires.