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Sida, une violence faite aux femmes

mardi 30 novembre 2004, par Dominique Foufelle

Le sida est aujourd’hui une maladie plus féminine que masculine, contrairement au début de l’épidémie où les hommes étaient plus concernés que les femmes. Mais les idées reçues ont la vie dure et, pour une grande majorité de la population, le sida ne concerne encore que des groupes dits à risques (gays et toxicomanes).
La contamination par le virus du sida touche des milliers de femmes en France, et des dizaines de millions dans le monde. Aujourd’hui, en France, 40% des personnes infectées sont des femmes, contre 20% il y a dix ans. Il est invraisemblable qu’aujourd’hui, en France, dans un pays où on dispose de toute l’information, environ sept femmes par jour soient contaminées par ce virus. Mais disposent-elles véritablement de toute l’information ? Comment celle-ci est-elle transmise ? Où sont les campagnes de prévention ciblées pour les femmes ?
Actuellement, les toxicos ont peu de contamination grâce à des programmes de réductions des risques qui ont été mis en place très tôt, et, si les gays ont encore un taux de contamination élevé, il est dû à des pratiques à risques volontaires qui relèvent d’une responsabilité personnelle.
En ce qui concerne la population hétérosexuelle, les choses sont très différentes : c’est le déni, l’inconscience, l’irresponsabilité, et la domination masculine qui sont les principaux vecteurs de la contamination… Plus un absentéisme des pouvoirs publics en ce qui concerne les campagnes de prévention qui n’existent qu’un mois par an.
Résultat : un nombre croissant de femmes apprennent leur séropositivité souvent à l’occasion d’une grossesse car on leur propose systématiquement un test de dépistage, alors que les hommes qui les ont contaminés ne sont pas dépistés et continuent de contaminer d’autres femmes sans que personne ne s’en préoccupe.

Il faut rappeler qu’une femme est plus vulnérable qu’un homme face au sida, d’abord physiologiquement, le risque de transmission de l’homme vers la femme est de 6 à 8 fois supérieur que de la femme vers l’homme (la concentration de virus dans le sperme est importante, et la muqueuse vaginale, retenant le sperme plusieurs heures, voire plusieurs jours et pouvant comporter des micro lésions, facilite l’entrée du virus dans l’organisme).
La grande vulnérabilité des femmes vient encore des rapports sociaux de domination homme/femme : les rapports sexuels forcés où l’homme n’utilisera pas de préservatifs ; le refus d’utiliser un préservatif même si sa partenaire le demande ; le pouvoir masculin sur des jeunes femmes/ filles peu informées, ou trop timides pour exiger un préservatif ; l’inconscience de certains hommes bisexuels face au sida (ne se vivant pas comme des homos, le sida ne les concerne pas) ; l’échangisme, que certaines femmes pratiquent pour faire plaisir à leur homme.
Il faut rappeler aussi que le préservatif féminin existe, qu’il est très efficace, mais qu’il est peu connu, trop cher.
Pour toutes ces raisons, on assiste à une féminisation de l’épidémie, qui dévoile les limites de l’émancipation des femmes au niveau de la sexualité.

Nous voulons une responsabilité partagée quant à la prévention, des campagnes de prévention ciblées pour les femmes, une capacité des femmes à exiger un préservatif chez leur partenaire, une capacité à dire NON quand un rapport sexuel n’est pas désiré ou protégé, une volonté politique internationale pour promouvoir les femmes dans toutes les instances de décision.

En utilisant des préservatifs on n’attrape ni le SIDA, ni aucune MST.

La lutte contre le sida passe aujourd’hui par la lutte pour les droits des femmes.

P.-S.

Collectif National pour les Droits des Femmes et CADAC
21 ter rue Voltaire, 75011 Paris.
Tél. : 01 43 56 36 48

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