La coopérative Abayomi [1] se situe au centre de Rio et propose différents types d’activités ancrées dans une dynamique d’économie solidaire.
Revaloriser la culture afro-brésilienne
Abayomi est un collectif de femmes qui se constitua à partir de 1988 dans la volonté de perfectionner et d’étendre le travail de Lena Martins, artisane éducatrice populaire et animatrice culturelle. Une partie du travail de Lena consistait à confectionner des poupées noires sans colle ni couture. Autour de cette confection de poupée, l’idée était de changer de méthode de confection, d’innover dans l’artisanat brésilien en créant un produit sans machine à coudre et avec le moins de moyen possible : tissu recyclé enroulé et noué. Au-delà, ce projet s’ancrait dans une perspective de revalorisation de l’identité noire et de la culture brésilienne traditionnelle.
Aujourd’hui cette coopérative est animée par dix-huit femmes. Selon leurs compétences, elles confectionnent différents types de poupées (figurines plus ou moins grandes, broches…) organisent des formations (confections, revalorisation de soi…) et s’initient aux techniques théatrales. Elles organisent des expositions mettant en scène leurs poupées et revalorisent ainsi la culture brésilienne : travail agricole, candomblé, capoeira, carnaval, mythologie …
Une histoire en dents de scie
Ne possédant pas de siège à leur début, le groupe se réunissait chez Lena Martins. La vente des poupées et les expositions se firent lors des foires, entre amis ou lors d’évènements socioculturels et politiques.
En 1995, avec le soutien de l’institution « jour des prières » (Allemagne), la coopérative put donner une nouvelle impulsion à l’organisation du travail en louant une salle dans le quartier Lapa. La coopérative travailla plus régulièrement en donnant des cours et des formations à des groupes d’enfants et d’adultes. En 1999, le groupe Abayomi loua une maisonnette de trois étages avec une troupe théâtre : « Le théâtre des anonymes ». Durant cette période, une secrétaire fut embauchée pour améliorer la gestion et la commercialisation des produits de la coopérative.
Malheureusement la maisonnette pris feu deux mois après son inauguration, les flammes dévastant tout l’étage où la coopérative Abayomi s’était installée. Toute leur production et leurs documents furent détruits.
Faisant appel à la solidarité de leurs partenaires, elles purent s’établir temporairement « casa Paschoal Carlos Magno », espace artistique du quartier Santa Tereza, pour un an. Durant cette période difficile de restructuration, les membres de la coopérative unirent leur force autour d’un projet commun : le cortège Abayomi, un spectacle musical qui réunissait farce, histoires et chants de la culture populaire brésilienne.
Depuis 2000, la coopérative loue un local entre les quartiers Gloria et Tereza. Ce local leur sert de bureau, d’atelier de confection et de lieu d’échange et de formations. Leur local se veut être un espace d’échange entre les savoirs populaires traditionnels.
Quand des poupées créent le lien social
La confection des bonecas (poupées) Abayomi se fait en production individuelle ou collective. Toutes les semaines les membres de la coopérative préparent les commandes, échangent sur leurs techniques particulières et recherchent des matériaux. Les temps de travail sont également des moments riches d’échanges sur des problèmes personnels, sur les questions quotidiennes de la coopérative et plus généralement sur l’actualité politique, tout cela tempéré par des chants et des plaisanteries qui font partie de la pratique de travail de la culture populaire.
Depuis 10 ans, la coopérative imprime et vend des calendriers mettant en scène les poupées Abayomi.
La vente de ces poupées constitue la source la plus immédiate de revenus de la coopérative. Celle-ci fournit régulièrement des magasins de Rio et Sao Paulo, en particulier les magasins de souvenirs, qui se font une marge importante sur la vente de ces poupées. Les poupées Abayomi sont chargées de sentiments et de valeurs, et les artistes aimeraient pouvoir mettre en place un circuit de vente équitable et éthique.
La coopérative Abayomi propose, depuis 1997, des cours pour les adolescentes et les femmes. Ces cours visent l’apprentissage d’un travail artisanal avec des matériaux recyclés, en développant les capacités artistiques et créatives des personnes, dans le but de créer un travail et un revenu et de permettre l’insertion ou la réinsertion économique, sociale et culturelle. Les membres de la coopérative définissent ces cours comme une formation à la citoyenneté et aux droits humains, qui contribuent à dépasser les inégalités sociales, économiques et de genre. Ils stimulent les échanges humanisés dans les relations de travail en donnant le primat à la solidarité, à l’affectif, à la générosité et au travail coopératif.
Suite à ces cours d’autres groupes ont émergé et s’organisent pour acquérir leur autonomie : Désir de Boneca, quartier de Iraja ; Manie de Boneca, Ile Guaratiba ;
Nhanha Nana,Madame Boneca,Vitoria ES/Rio de Janeiro/RJ ; Groupe Bonecandeira, Santa Teresa,RJ.
Le séminaire de Bébé Abayomi est une dynamique de sensibilisation qui promeut le renforcement de l’estime des noirs et de leurs descendants. Durant ce séminaire, chaque participant confectionne un bébé noir sans utiliser de colle ni de couture. En quinze ans, ce séminaire a concerné près de 12.000 personnes, enfants, jeunes et adultes.
Tous les deux mois, en partenariat avec d’autres artisans, les membres d’Abayomi organisent un bazar avec différentes production artistique : vêtements, objets, poupées, sculpture en bois… L’idée est de stimuler la consommation responsable et de sensibiliser le public à la préservation de l’environnement.
Contact :
Artisans libres associés Coop. Abayomi, Rue Hermenegildo de Barros, 77- Santa Teresa 20241040 Rio de Janeiro.
Telefax : (21) 22246538
Pour plus d’information visitez leur site ou
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