Accueil du site > Femmes en réseau > Fer : sur le terrain > Oficina do pao

Une fabrique de pain dans la banlieue de Rio de Janeiro

Oficina do pao

vendredi 31 décembre 2004, par arielle

Selon les membres de cette coopérative, développer une activité dans le domaine de l’économie solidaire permet d’acquérir un travail et un revenu, et surtout de contribuer à l’amélioration des conditions de vie et de travail au sein de leur quartier.

La coopérative Oficina do pao fut rencontrée, en mars 2004, par l’intermédiaire du Cédac (Centre d’Action Communautaire, ONG) et de l’AGP (Association des Groupes de Production communautaire et petits entrepreneurs)qui ont aidé à impulser la dynamique de groupe. Ce groupe de production est aujourd’hui constitué de 5 femmes et 1 homme, 4 d’entres elles produisent du pain et des pâtisseries, l’autre femme et l’homme les aident plus ponctuellement (services pour les buffets, courses...).
Cette coopérative se situe dans un quartier pauvre, excentré du centre ville de Caxias, près de Rio de Janeiro. Dans ce quartier le taux de chômage est très élevé et majoritairement féminin, la population a difficilement accès à des services de santé et d’éducation de qualité. A la fin des années 1990, une trentaine de femmes s’auto-organisa pour trouver les moyens d’améliorer leurs conditions de travail et de vie et celles de leurs familles. A l’initiative de deux femmes, le groupe pris contact avec le Cdvida (centre qui lutte contre les violences domestiques). Ces deux femmes, exclues du marché du travail formel à cause de leur âge (plus de 40 ans), souhaitaient produire quelque chose proche de leurs lieux de vie, et qui fournirait un revenu non seulement pour elles mais également pour les femmes du quartier.

A chacune selon ses désirs


Le Cdvida commença à suivre ce groupe en travaillant à la revalorisation de l’estime personnelle de ces femmes. Suite à cette formation initiale, en partenariat avec le Cédac, le groupe travailla à sa professionnalisation en se formant à des techniques de gestion, de commercialisation et en apprenant des savoir-faire particuliers, proches de ceux traditonnellement dévolus aux femmes : couture, coiffure, cuisine, crèche... afin que chacune puisse choisir le secteur d’activité qui lui correspondait.
Les membres du groupe se répartirent selon les affinités et leurs domaines de production de prédilection. Quelques-unes restèrent à la fabrication du pain car elles s’identifièrent à cette activité, d’autres se dirigèrent vers l’artisanat et les deux femmes à l’origine du projet montèrent une coopérative de couture.
L’activité de ces groupes ne se centre pas uniquement sur la production, il participe aussi à des discussions sur les moyens d’améliorer les conditions de vie des femmes (face aux violences) et celles de leur quartier (en initiant des projets de création d’infrastructure).
Pour des problèmes personnels et relationnels, les groupes de couture et d’artisanat s’arrêtèrent l’année d’après. Ceci peut s’expliquer notamment par une forte pression subie par les femmes de la part de leurs maris. En effet, certains ne souhaitant aucun changement, ne supportaient pas que leurs épouses sortent du domicile familial. Les femmes furent donc souvent tiraillées entre leurs activités extérieures, les enfants à garder et pour certaines l’opposition de leurs maris.

A la recherche d’une production viable


La coopérative Oficina do pao existe depuis trois ans. Ce groupe commença la production de pain chez une des femmes du groupe. Par le biais du Cédac et Cdvida les membres de cette coopérative montèrent un projet pour trouver un local de production. Depuis sept mois, elles louent une maisonnette au sein de leur quartier. Le Cédac et le Cdvida les ont aidés durant les premiers mois à payer le loyer afin que la coopérative gagne plus rapidement son autonomie. Aujourd’hui le groupe a pu acheter un nouveau four à pain qui va leur permettre d’augmenter leur production et de faire des économies d’énergie (humaine et naturelle…).
Les membres de la coopérative essayèrent de développer un créneau de vente au sein de leur quartier en produisant différents types de pain mais elles réalisèrent vite que leur produit n’était pas accessible à tout le monde, les familles du quartier ne pouvant pas acheter quotidiennement ce pain de qualité. Elles essayèrent, durant une période,la stratégie du porte à porte pour démarcher l’hôpital,les écoles, l’église et les particuliers du centre ville. Mais compte tenu de la perte de temps et d’énergie (charrier des sacs de pains à travers la ville), elles se penchèrent à nouveau sur leur choix de production.
Depuis un an, elles se sont orientées vers les buffets. Par le biais de leurs différents partenaires, elles reçoivent de nouvelles commandes pour préparer des buffets et des cocktails. Aujourd’hui, les membres de la coopérative Ofinao do pao continuent dans ce domaine et réfléchissent à élargir leur clientèle en adaptant leur production au pouvoir d’achat des habitant-e-s de leur quartier.

Une forme d’alternative économique et sociale


Selon les membres de cette coopérative, développer une activité dans le domaine de l’économie solidaire permet d’acquérir un travail et un revenu, et surtout de contribuer à l’amélioration des conditions de vie et de travail au sein de leur quartier. En outre, développer un travail au sein de leur quartier leur permet de rester près de leurs enfants, de renforcer une solidarité entre les femmes et de favoriser une nouvelle représentation du rôle des femmes au sein de ce quartier.
"Au-delà c’est un moyen de conscientiser la société sur leur propre expérience d’auto-organisation". Les membres de la coopérative participent au forum du coopérativisme et au conseil des femmes de Caxias. Elles font partie d’un réseau local d’économie solidaire en participant notamment aux foires d’économie solidaire. Cette participation leur a permis de tisser des liens avec les autres groupes, d’échanger sur leurs expériences personnelles, de développer des formes de consommation responsable en s’échangeant ou s’achetant des produits, et de s’unir pour acheter en gros leur matière première collectivement.

Contact : Avenue Colonel Simon, n°250 Casa 1 Fundos,Imbarië-Duque de Caxias.
Tél. : 36610733, 26781220. En partenariat avec le Cédac.

P.-S.

Arielle Garcia - novembre 2004

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0