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Pour être alternatif…

dimanche 17 octobre 2004, par Dominique Foufelle

Le collectif Indymédia regroupe des médias alternatifs sur le web, qui adhèrent à une charte commune. Se revendiquant comme libertaire, il n’est pas pour autant exempt de sexisme. Hannah, qui œuvre à Beyrouth après avoir fait partie du collectif allemand, essaie de faire évoluer les mentalités. Mais ça n’avance pas vite !

Hannah, journaliste allemande, est arrivée au Liban au début du processus de création d’Indymédia Beyrouth, il y a deux ans. Auparavant, elle était restée un an et demi à Indymédia Allemagne.
« En Allemagne, explique-t-elle, l’espace était principalement occupé par des campagnes et actions, souvent estudiantines, sur des thèmes internationaux de mobilisation. L’objectif d’Indymédia Beyrouth est différent : nous voulons toucher les gens qui vivent ici. On a beaucoup moins d’impact qu’en Allemagne, déjà du fait que beaucoup moins de gens ont accès à un ordinateur. Aussi, à l’exception des propos racistes ou sexistes, comme prévu dans la charte Indymédia, on accepte toutes les contributions, y compris celles de partis politiques. » On trouve sur le site des articles en arabe et en anglais, quelques-uns en français. Mais les articles en anglais sont publiés en page arrière, « autrement, le site en serait submergé, ce qui serait en contradiction avec l’objectif de privilégier le local. ».
L’équipe connaît de fréquents mouvements, dus aux départs, pour cause d’études ou de travail, de ses membres. Mais n’a subi que deux démissions pour cause de désaccord. « C’est une bonne équipe, estime Hannah. Où il y a autant de femmes que d’hommes, parfois plus… parfois moins aussi ! En tout cas, nous n’avons pas de problèmes de sexisme. »

Des actions, pas des plaintes !


On la croit volontiers, car les « problèmes de sexisme », elle connaît : elle les a subis et se bat contre.
Après la rencontre Indymédia de Berlin, elle fait le compte-rendu de l’unique atelier femmes. « J’ai juste rapporté les minutes de l’atelier, sans commentaires, comme tout le monde. Mais j’ai reçu des accusations de séparatisme, etc. ». Idem après le questionnaire sur la présence des femmes dans les Indymédias qu’elle a envoyé il y a trois ans.
Fort heureusement, s’empresse-t-elle de préciser, ces réactions ne sont pas généralisées. Elles arrivent plutôt via les forums. « Il n’y a pas de critiques politiquement fondées sur le web, explique-t-elle. Juste des réactions épidermiques. » Au sein du collectif allemand, la même phrase revenait : « Tu te plains toujours. » Ce à quoi Hannah répliquait : « Je dis les faits. Comme nous le faisons toujours à Indymédia. » Sauf que si les remises en question sur le racisme peuvent être entendues, ça bloque dès qu’on aborde le sexisme. « Cette question nous affecte trop personnellement. »
Une liste interne des femmes d’Indymédia a été créée il y a trois ans. Hannah la juge trop plaintive, pas assez active. « Mais nous avons tout de même fait une chose : nous avons obtenu que la question du genre soit incluse dans le questionnaire auquel doivent répondre les groupes qui veulent faire partie d’Indymédia. » Incontournable, puisque émanant du collectif.
Indispensable car, même s’il semble que le nombre de femmes soit en hausse, selon Hannah, « Les choses ne changent pas. Une copine de Berlin vient de me raconter qu’on l’accusait de parler trop sur un forum. On trouve toujours qu’on parle trop ! »
Mais Hannah n’a pas la moindre intention de se taire.

P.-S.

Dominique Foufelle - 17 octobre 2004

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