La rencontre publique, à l’université du Mirail à Toulouse, le 25 septembre 2004, suivait la rencontre-bilan de Femmes en réseau (FER). Les membres y étaient donc présentes, qui ont présenté leurs structures. Ces exemples ont permis à l’assistance de saisir très vite l’esprit et les objectifs de FER, et du réseau international dont il est le volet français.
Des femmes rencontrées lors d’une rencontre similaire organisée à Barcelone la semaine précédente avaient fait le voyage. Elles représentaient l’association Sur – " sortir " en catalan. Sur a passé une convention avec une société bancaire, qui accorde des micro-crédits à des femmes désireuses de créer leur propre activité économique. La fondation créée pour l’occasion, " Un seul monde ", finance l’accompagnement, mené par Sur, des projets de leur conception à leur réalisation. Depuis octobre 2001, 46 crédits ont été accordés, qui ont permis la création de 75 postes de travail.
Et de citer l’exemple d’une coopérative de services à domicile lancée par trois femmes victimes de violences, qui compte maintenant 18 personnes, dont les salaires sont supérieurs à ceux du marché.
Des exigences de qualité
C’est là qu’un débat (classique) s’engage : encore une fois, on retrouve là des activités " typiquement féminines ", lance une participante. Ne faudrait-il pas cesser d’y cantonner les femmes ? Ce à quoi Fatima Rhazi de Femmes d’ici et d’ailleurs et Véronique Gobillot de Femmes actives rétorquent qu’il s’agit avant tout de permettre aux femmes de valoriser leurs compétences, pour leur donner confiance en elles-mêmes. Et sur quels critères se base-t-on pour considérer certaines tâches comme dégradantes ? Selon Joëlle Palmiéri des Pénélopes, sur la grille de lecture imposée par le système dominant, qui hiérarchise métiers dits d’hommes et métiers dits de femmes. En adoptant notre propre grille de lecture, on change notre vision des choses. En outre, souligne-t-elle, les femmes œuvrent dans des secteurs beaucoup plus variés qu’on ne le prétend.
Toutes mettent l’accent sur une différence essentielle entre la situation d’une salariée d’entreprise et une membre d’une coopérative : la qualité du travail. Respect mutuel contre exploitation.
Cependant, le soutien à ces initiatives reste très insuffisant, de la part des pouvoirs publics, mais aussi du mouvement de l’économie sociale, comme du mouvement coopératif, qui se distingue par un machisme tenace.
Ce combat de longue haleine ne peut être que collectif. L’union permet, outre d’échanger sur les expériences et d’organiser l’entraide, d’élaborer un discours pour interpeller les politiques.
C’était l’objectif de cette rencontre : étendre le réseau, multiplier les échanges, en particulier sur le pourtour méditerranéen, où de multiples initiatives voient le jour.