La Bulgarie est un pays situé en Europe de l’Est sur la péninsule balkanique. Le pays est une république parlementaire démocratique gouvernée par une coalition dirigée par le Premier ministre. La Bulgarie a aussi un président élu pour représenter le pays. Le territoire bulgare s’étend sur une superficie de 110 000 kilomètres carrés où vivent environs 7,9 millions de citoyens. La religion officielle est « Chrétienne orthodoxe », mais il y a aussi plusieurs autres groupes religieux, dont les musulmans et les catholiques.
L’économie bulgare est une économie en transition depuis 1989, date avant laquelle la Bulgarie faisait partie du bloc des républiques socialistes alliées à l’Union soviétique. Notre pays est encore en période de transition qui se caractérise par d’importantes fluctuations depuis maintenant 15 ans.
Les conséquences des politiques de restructuration
À présent, la Bulgarie est en processus de pré-accession à l’Union européenne (UE) dont l’entrée est prévue pour 2007. Par conséquent, toutes les modifications législatives et les décisions du gouvernement ont pour objectif de satisfaire les exigences de l’UE.
La transition du socialisme vers une économie de marché et les développements économiques dans les pays d’Europe Centrale et Orientale (PACO) ont eu un impact considérable sur le rôle social et le statut économique des femmes et des hommes. Quoique l’accession à l’UE puisse créer de nouvelles occasions pour des changements positifs, l’impact du processus politique et économique est difficile à prévoir par sa complexité.
Les programmes de restructuration pour les pays en transition sont principalement imposés par la Banque mondiale (BM), le Fond monétaire international (FMI) et les politiques globales appelées « recettes », introduites par le gouvernement pour guérir les économies mal au point. La principale orientation consiste à construire un marché de libre économie basée sur le capital privé, les privatisations et la réduction des coûts sociaux.
Ces conditions, appliquées sur une période de temps très courte, ont eu plusieurs effets négatifs comme :
Insécurité de l’emploi ;
Renforcement du rôle du marché gris et du marché « informel » ;
Taux élevé de chômage ;
Diminution des salaires et des pensions ;
Augmentation de la pauvreté, de la corruption et du crime ;
Perte de la sécurité économique, politique et de la santé au niveau personnel ;
marginalisation de certaines couches sociales ;
Diminutions importantes des services sociaux, y compris l’éducation, la santé, l’aide aux familles et le système d’assistance et prestation sociale ;
Diminution du rôle et de l’influence des syndicats, de la protection des travailleurs et des conditions de travail (santé, sécurité) ;
Négligence au niveau de la protection de l’environnement.
Le statut des femmes se détériore
Toutes ces tendances négatives affectent les femmes plus directement et plus souvent que les hommes. C’est une caractéristique typique pour les sociétés en transition, quoique le processus puisse être parfois plus rapide ou plus lent, les résultats sont inévitablement les mêmes. Les femmes perdent leur position qui était artificiellement soutenue par la politique et l’idéologie socialiste. Le statut civil des femmes dans les sociétés en transition peut être décrit par les points suivants :
1. Les femmes sont les plus marginalisées et les plus affectées par les effets négatifs engendrés par la privatisation et la transition ;
2. La position économique et sociale des femmes dans les pays d’Europe centrale et orientale est dans un état d’aggravation constant ;
3. La discrimination contre les femmes augmente, tout en étant socialement invisible, car elle est dans la plupart des cas indirecte ;
4. Les femmes sont davantage victimes du chômage que les hommes, de l’absence de ressources et d’opportunités et quand elles travaillent, elles occupent des positions moins bien payées. La différence de revenu varie jusqu’à 28% (les femmes reçoivent 72% du salaire des hommes en moyen) ;
5. Les femmes sont exclues du processus de prise de décision et d’ajustement de politiques ;
6. Les femmes sont perçues comme étant une force de travail bien éduquée, mais bon marché ;
7. Les groupes marginalisés de femmes, que ce soit dans les milieux ruraux ou issues de minorités ethniques (Roma), les réfugiées, les femmes âgées, les femmes qui élèvent leurs enfants toutes seules, les femmes vivant avec un handicap physique et les jeunes femmes, se retrouvent systématiquement au bas de l’échelle politique et sociale ;
8. Les partis politiques et les groupes qui influencent les politiques publiques ne reconnaissent pas les enjeux et la discrimination qui affectent les femmes, sous prétexte qu’il s’agit d’un problème réglé lors de la période socialiste et qui n’a pas été affecté par la transition. Par conséquent, les besoins et les intérêts des femmes ne sont pas intégrés dans la plupart des politiques publiques et économiques.
Les femmes perdent du pouvoir économique
Les efforts utilisés pour mettre rapidement sur pied le processus de privatisation, visant à créer une ambiance propice aux investissements étrangers, ont permis de reconstruire rapidement l’économie, mais aux dépens des femmes qui en raison de la pression économique, ont été les premières à être licenciées et sont les dernières à trouver un emploi. Pour les employeurs le processus de licenciement et d’embauche est devenu très facile : les syndicats des travailleurs étant très faibles dans le secteur public et quasi inexistant dans le secteur privé, les femmes ne peuvent pas compter sur la protection de leurs droits constitutionnels, économiques et sociaux.
De plus, le marché du travail s’est remodelé de façon que les femmes sont limitées par des stéréotypes qui les orientent vers les domaines de la santé, de l’éducation et des services à la clientèle, qui sont les emplois où la rémunération est la plus faible.
La privatisation en cours du système public, du système d’assistance et de prestation sociale, et du système de l’éducation sont une nouvelle atteinte aux droits des femmes et de leur famille :
Les femmes travaillent surtout dans le domaine public et elles seront les plus affectées par les pertes d’emplois ;
D’autre part, le rôle de soutien des services sociaux pour les femmes au travail et le soutien de leurs droits sociaux seront réduits : les femmes auront un plus grand nombre de tâches à faire dans leur quotidien.
Dans un tel environnement, la position des femmes se complique tous les jours. Le processus de transition est marqué par le retour d’une société à des valeurs patriarcales en général. L’inégalité des genres n’est pas reconnue ni par le public ni par les politiciens. La réduction du pouvoir économique des femmes est suivie par la réduction de leur pouvoir politique et leur expulsion des politiques institutionnelles. Les femmes sont sous-représentées dans tous les parlements nationaux. Un autre facteur important et inquiétant c’est l’absence de statistiques et budgets tenant compte des besoins divisés par genre.
Même si la Bulgarie était le premier pays à ratifier la Convention des femmes des Nations Unies (CEDAW) en 1982, il n’y a toujours pas de mécanisme national pour assurer l’égalité des chances entre femmes et hommes avant 2002. De plus, il n’y a pas de sous-commission au Parlement pour traiter des sujets reliés à l’égalité des genres.
Le rôle important des ONG
Les mouvements et les ONGs travaillant pour les droits de la femme en Bulgarie visent à promouvoir les discussions économiques du point de vue des femmes et de développer un cadre de travail à l’intérieur du processus de pré-accession dans lequel la Bulgarie se trouve en ce moment. Différents réseaux de femmes ont initié des analyses de la politique d’État dans le domaine de la violence contre les femmes et l’iniquité entre femmes et hommes. Les résultats des recherches ont démontré un écart considérable entre les femmes et les hommes sur des facteurs tels que les salaires, les heures de travail et les conditions de travail et d’embauche. Ces recherches étaient aussi la première tentative de découvrir les diverses conséquences qu’ont eu les changements politiques et économiques sur les femmes et la détérioration de leur position dans les années ’90.
Les ONGs de femmes ont joué un rôle important dans la création de mécanismes institutionnels pour atteindre l’égalité des chances selon les normes européennes. La majorité d’entre elles jouent un rôle dans le domaine de la protection sociale, la protection des intérêts des groupes désavantagés, la violence domestique et la traite des femmes et des enfants, qui sont parmi les problèmes les plus graves dans notre pays liés aux droits de la femme et de son statut dans la société.
Puisque les ONGs sont familières avec les besoins particuliers de la communauté - le niveau de vie, la culture, la religion, la santé et les besoins communs - elles jouent un rôle au même niveau que l’État pour le développement et la mise en oeuvre de mécanismes de protection sociale ; elles sont capables de faire un suivi que l’assistance atteindra chaque cible individuelle. Le gouvernement dépend fortement des ONGs sociales pour assurer des services essentiels qui, dans les autres pays, sont normalement couverts par l’État lui-même.
Conclusion
En guise de conclusion, j’aimerais résumer la situation en Bulgarie par les éléments suivants :
1. La position des femmes est sujette à de nombreux stéréotypes traditionnels et ce, dans plusieurs domaines professionnels, sociaux et politiques ;
2. La discrimination au travail doit être étudiée plus en profondeur et plus régulièrement aussi bien que son influence sur les conséquences socio-économiques ;
3. Il y a une différence de traitement discriminatoire dans le processus de recherche de travail, d’embauche et de rémunération entre les hommes et les femmes ;
4. Il faut encourager la recherche, l’éducation et augmenter le niveau de conscientisation de la société en général sur les sujets reliés à la discrimination des genres. Des services de consultation et d’assistance légale devraient aussi être encouragés.
5. Le rôle des mouvements sociaux oeuvrant dans le domaine des droits de la femme est primordial pour lutter contre la violence domestique, la traite des femmes et enfants, la discrimination des genres, et la mise sur pied et promotion de programmes et formations encourageant l’égalité des genres ;
6. Les femmes au Parlement ont besoin d’un plus grand soutien de la part des ONGs de femmes pour mettre sur pied des initiatives et tâches pour atteindre l’égalité des genres.