La France a exercé d’avril 2002 à avril 2004 la présidence du réseau européen "Femmes et sport " qui regroupe 41 pays (http://www.ews-online.com). Présidence qui s’est achevée sur une 6e conférence européenne à Paris, au titre très prometteur "Femmes, Sport et Démocratie", associé à un slogan qui sonne bien : "Les femmes, un enjeu pour le sport. Le sport, un enjeu pour les femmes.". Le rapport d’un groupe de travail interministériel (Jeunesse, Sports et Vie associative+ Parité et égalité professionnelle) y a été présenté.
Performances médiocres
Tout cela se place dans le cadre de la politique "volontariste" du Ministère, inaugurée par la loi du 16 juillet 1984, qui affirmait "la nécessité d’un accès égal des femmes et des hommes tant à la pratique des activités physiques et sportives qu’à tous les niveaux de responsabilité au sein des associations sportives."
Mais à comparer les chiffres communiqués sur le site du ministère (http://www.jeunesse-sports.gouv.fr) et ceux rendus publics en 1998 par ce même ministère alors occupé par Marie-Georges Buffet, on constate que la situation évolue extrêmement lentement. Avec 33% des sportifs de haut niveau reconnus, 11% des conseillers techniques et sportifs, 9% des entraîneurs nationaux, 15% des titulaires du BE du 2e degré, 3,5% des présidents de fédérations, les femmes restent peu représentées dans la compétition comme dans l’encadrement et les instances dirigeantes.
Course d’obstacles
Il y a pire. Dans les chiffres 2004, apparaît un nouveau souci d’inquiétude : l’exclusion galopante des filles dans les "quartiers sensibles". Ce point constituait l’un des deux axes du rapport (l’autre étant l’accès des femmes aux instances dirigeantes).
Les chiffres, donc, sont éloquents : 51 % des filles pratiquent le sport hors zones d’éducation prioritaire (ZEP) et 32 % en ZEP. Fautif désigné : "le développement de nouveaux freins culturels d’ordre communautaire". De là viendrait exclusivement le net recul de la mixité dans les temps extra-scolaires.
Certes, on ne niera pas la réalité des pressions exercées sur les jeunes filles de familles musulmanes – puisque c’est d’elles qu’il s’agit, cela semble aller sans le dire.
Toutefois, le rapport note aussi l’existence de freins financiers. Qu’en conclure ? Les familles pauvres le sont-elles devenues davantage encore avec le temps ? Ou le coût des pratiques sportives a-t-il augmenté ? Il constate aussi que les installations sportives sont prévues pour les garçons. Et là, à moins que tous les "quartiers sensibles" soient dotés d’équipements récemment conçus par des architectes acquis au séparatisme des sexes, le fait ne peut constituer une nouveauté.
La mixité dans le sport a-t-elle jamais existé passées les premières pratiques scolaires ? Quand elle sortit le sujet du placard, Marie-Georges Buffet entendait en finir avec le mythe d’un sport neutre, en dénonçant le virilisme en vigueur dans ce domaine. Non pas intégrer des femmes dans un monde réglementé et régi par les hommes, mais faire bouger ce monde vers une vraie mixité, à double sens.
Faute de quoi, les "nouveaux freins culturels" de tous poils ne rencontreront jamais d’obstacles sur ce terrain.