Le violeur
Le violeur est subsumé dans le viol
a) Le viol comme " sujet du crime " au lieu et place du violeur.
Le violeur est subsumé dans le viol dont il n’est plus dès lors l’auteur ; il n’est plus alors le sujet du crime qu’il a commis. Le viol peut ainsi - sans que l’auteur du crime ne soit alors plus nommé - " avoir lieu ", " se produire ", " se passer ", " se poursuivre ", " se faire " et même " s’arrêter " :
" Les premières agressions ont eu lieu pendant les droits de visite " ; " Un viol a eu lieu dans cette maison " ; " Un viol se produit dans la famille " ; " Le viol s’est passé quand elle allait passer son bac " ; " Le viol s’est fait sous menace " ; " Les viols se sont poursuivis toute ma jeunesse " ; " Les agressions se passaient pendant les vacances " ; " Les viols ont eu pour conséquence de stopper la démarche d’autonomisation " ; " Les viols se sont arrêtés à 13 ans ".
Dans le même sens, j’ai pu lire la presse, sans autre précision : " Viol collectif au lycée de… " ou : " Suite à un des viols, le lycée a porté plainte".
Et lorsqu’il est dit : " Le psy pense qu’il y a eu viol ", c’est non seulement le violeur, mais aussi la victime qui sont subsumés dans le viol. Et qui y disparaissent.
b) Le viol, un " crime sans auteur "
N’évoquer - lorsqu’il est fait état d’un viol - que la personne victime : " Elle a vécu, elle a subi un viol " ou " elle a été violée" participe à l’occultation du viol et à la déresponsabilisation du violeur.
Et que signifie : " J’ai subi un triple viol en 1992" ? La personne évoquée a t-elle été violée par trois hommes en 1992 ? Ces viols ont été commis concomitamment ou à des moments de l’année différents ? Ou a t-elle été violée, trois fois, par le même homme ?
Plus globalement d’ailleurs : que signifie : avoir été violée " trois fois " ? N’est–ce pas assimiler le viol à la (seule) pénétration sexuelle d’une victime ? En ce sens, les phrases telles que : " Elle a été battue et violée deux mois après le mariage et ce pendant 30 ans" ou : "En août, elle va en vacances chez son père et elle a été violée tout ce temps " ; " Elle a été violée toute son enfance, très souvent battue " ont le mérite de dévoiler le continuum dans le temps de la violence imposée. Et de ne pas limiter la prise en compte de la violence à la seule comptabilité de la pénétration sexuelle imposée à la victime.
La place respective dans la phrase de la victime (du crime) et de l’auteur du crime est à cet égard fort signifiante : " Elle a subi des viols de 10 ans à 14 ans par son beau-père " ou : " Marie-Christine et sa sœur ont été victimes de violences sexuelles dans l’enfance de leur frère " n’a pas la même signification que de dire : " Son beau-père l’a violée de l’age de 10 à 14 ans " ou : " Le frère de Marie-Christine l’a violée, il a aussi violé sa sœur, quand elles étaient enfants ".
De même : " Elle a été victime d’inceste " n’a pas la même signification que de dire : " Son père l’a violée". En effet, la focalisation du regard est d’emblée portée sur l’auteur du crime - responsable du crime - et non d’abord sur la victime.
c) " Viols en réunion ", " Viols collectifs "
Dans les deux expressions, les auteurs du viol disparaissent soit dans les conditions dans lesquelles ils ont violé leurs victimes " en réunion ", soit dans un " collectif " abstrait qui en permet même pas de quantifier le nombre des criminels.
Par ailleurs, l’absence de clarification entre ces deux termes : " viols en réunion " et " viols collectifs" employés généralement comme équivalents voire comme synonymes est dommageable. En effet le terme de " viol collectif " n’existe pas en droit ; quant à celui de " viol en réunion " - qui n’existe plus en tant que tel dans le droit - il continue cependant d’être employé par la jurisprudence[(<11> La loi pénale actuelle utilise l’expression de viol " commis par plusieurs personnes agissant en qualité d’auteur ou de complice " comme constitutif du " viol aggravé ". Art. 222-24 6°.]].
2. Le violeur " fait ", " agit "…
Dans la cohérence de la signification normative du viol - ne prenant pas en considération la violence qui pourtant est censée le qualifier évoquée dans la première partie, le viol est ici appréhendé comme " quelque chose " que le violeur :
" fait " qui signifie notamment : réaliser, produire, obtenir, gagner, effectuer, exercer, accomplir, exécuter (une action) :
" Elle a parlé à une copine qui lui a dit :’ il l’a fait à deux autres filles’ " ; " Non, Il n’y a pas qu’à moi qu’il a fait ça "(violence incestueuse) ; " Elle a besoin qu’on lui dise pourquoi il a fait ça " ; " J’aimerais lui demander s’il se souvient de ce qu’il a fait, sans doute niera t-il " ; " Son père a regretté ce qu’il a fait " ; " Il disait : ’tous les pères font ça’ " " ; " Je ne comprends pas comment on peut faire ça ; c’est comme si c’était à moi qu’on l’avait fait " ; " Elle a rencontré une ancienne amie du Bon Secours qui lui a dit qu’il faisait des attouchements à tous les jeunes, du plus petits aux plus grands ".
" Ils m’ont tout fait" a pu dire enfin une victime de viols accompagnés d’actes de barbarie.
" tente " (de faire) :
" Il a tenté aussi, plus tard, une autre fois sur sa sœur ".
" essaye " (de faire) :
" Ca ne m’étonne pas : il a essayé aussi avec moi " ; " Après que je l’ai eu repoussé, il n’a plus réessayé ".
" s’arrange " ( pour faire) :
"Il s’arrangeait pour l’agresser".
" arrête " ( de faire) :
" Elle se souvient d’une phrase de sa mère : ’ Arrête, si tu continues, tu vas la tuer’".
" recommence " :
" Le père a recommencé l’année dernière " ; " Elle lui a dit :’ne recommence pas " ; " On peut redouter que le moniteur licencié aille recommencer ailleurs ".
Le violeur peut aussi " participer", c’est à dire " avoir sa part à " : " le grand-père paternel participe aussi à ses agressions".
Le violeur peut enfin " profiter " d’une (bonne) occasion : " Elle a revu l’étiopathe qui en a profité pour la violer " ; " Chacun en a profité de son côté".
Et comment analyser cette phrase : " Elle y retourne, ce type la reviole " ?
3. Le violeur inscrit dans la perpétuation d’une logique patriarcale qui légitime la violence sexuelle masculine
Trois cas de figure : la référence à " l’amour ", " l’amitié " au " besoin sexuel ".
a) Les termes employés pour qualifier le violeur, l’agresseur s’inscrit dans la permanence de la problématique de " l’amour " – " On lui a fait l’amour violemment" avaient déclaré des policiers à la victime - que le violeur serait censé porter à sa victime.
À cet égard, la résurgence depuis quelques années [12] du mot de " pédophile ", puisque étymologiquement un pédophile est un homme " qui aime les enfants " peut - doit ? - être interprété comme s’inscrivant dans la perpétuation de la confusion persistante entre " viol " et " amour ". Et c’est sans aucun doute pour ne pas avoir à employer l’expression claire et juste de " personne adulte qui agresse sexuellement les enfants " que ce mot a eu le succès qu’il a connu.
Dans un ordre de réflexion proche, l’expression : " Il lui a fait embrasser le sexe " - et non pas : " Il l’a contrainte (sous menace, par force, par peur…) à sucer, à masturber son sexe " - peut être aussi interprétée comme relevant elle aussi de cette même problématique de " l’amour " que le baiser est censé signifier.
b) Le lien entre viol et " amitié " n’est pas - encore - lui-même clarifié. Ainsi, certaines expressions révèlent que le crime de viol n’aurait pas modifié la nature de la relation " amicale", et/ou amoureuse, et/ou de couple qui existait avant le crime entre le violeur et sa victime :
" Elle a été victime à 18 ans de deux viols par un ami " ; " Elle a été violée par son copain " - au lieu et place de : " Elle a été violée par l’homme qui, préalablement au crime qu’il a commis, s’affirmait son ami et /ou son copain - est ici sans doute l’expression la plus signifiante.
Il n’est à cet égard pas juste de dire : " Elle a été violée par un inconnu ". Il faudrait dire : " Elle a été violée par un homme qu’elle ne connaissait pas avant qu’il l’ait violée ".
c) La référence au " besoin sexuel "
Le violeur est défini par des caractéristiques sexuelles censées expliquer, sinon justifier son crime dans la permanence de l’idéologie du " besoin sexuel" nécessitant (pour les seuls hommes) d’être assouvi au même titre qu’une fonction vitale (comme manger ou boire) et/ou comme irrépressible. Ainsi, évoquer - en parlant d’un violeur - son " gros appétit sexuel " - qui n’est pas synonyme de : " Il bandait souvent " - participe de cette légitimation du viol.
Il en est de même lorsque la distinction - pourtant fondamentale - entre avoir un sexe en érection et pénétrer le sexe, le corps d’une autre personne n’est pas faite. Comme si la pensée, la volonté, le respect de l’autre était hors champs de la conscience masculine dès lors que leur sexe se dressait :
" Elle aurait parfois avec son mari [qui " la ’désire’ tout le temps " ] besoin de tendresse, de câlins, mais elle n’ose pas l’approcher de peur qu’il ne puisse s’arrêter".
4. La mise à distance entre le violeur et le crime de viol
Certaines expressions utilisées ont comme pour signification - pour fonction ? - une mise à distance du violeur et du crime de viol. Cette distanciation s’inscrit alors dans le processus qui peu ou prou déresponsabilise le violeur et partiellement la transfère à la victime :
" Le père s’est fait faire une fellation ", " Le sexologue lui a fait subir des attouchements au sexe " ; " Le père lui a fait subir un viol " ; " Il est aperçu en train de se livrer à des assauts physiques sur une femme agent de service dans l’enceinte même de l’école " ; " Il se livre à un geste d’exhibition dans les toilettes à l’égard d’une enfant ".
Le mot " commettre", qui signifie : " originellement mettre ensemble " mais aussi ; " faire ou être fait en parlant d’un acte répréhensible " s’inscrit aussi dans cette partielle distanciation entre l’auteur du crime et le crime. Dire : "Il a commis un crime " n’est pas synonyme de : " Il est l’auteur d’un crime".
J’ai par ailleurs récemment entendu à la télévision employer l’expression " le commettant" pour qualifier l’auteur d’un crime.
La violence
Qu’il s’agisse du viol, des conditions du viol, des conséquences du viol, il est possible d’évoquer certaines constantes qui participent à la banalisation, à la sous-estimation, à l’occultation du viol.
1. Les euphémismes, les confusions, les négations
a) Le mot " toucher " est fréquemment utilisé comme substitut du mot viol, ou à tout le moins sans que le distinguo entre les deux termes ne soit précisé :
" Depuis l’âge de 11 ans, elle est violée par son père ; elle est restée et s’est sacrifiée pour qu’il ne touche pas à ses sœurs " ; " Elle a eu un frère qui n’a pas été touché mais un cousin a subi la même chose " ; " Non - disait le grand-père - je n’ai pas touché à mes petites filles " ; " C’est encore plus épouvantable de toucher à sa propre fille " ; " Il l’a forcée à toucher son sexe " ; " Auparavant - avant le viol - il l’avait touchée dans une chambre d’ami " ; " La petite va régulièrement chez son père : il ne la toucherait plus mais la maltraiterais psychologiquement " ; " Elle aurait voulu qu’il dise : Non, je n’ai pas touché à mes petites filles".
Une jeune femme fait une cure d’ostéopathie lors de laquelle [ils] " lui enfonçaient les doigts dans le nez, le vagin, l’anus " ; " Elle déclare : ’Les touchers rectaux et vaginaux font partie des pratiques [de certains] ostéopathes’ " et cite pour ce faire un livre qui les justifient.
Un médecin a quant à lui employé l’expression de " tripoter " qui signifie : " manier, tâter sans délicatesse, toucher une chose de manière répétée " :
" Ce n’est pas grave à 17 ans de tripoter sa petite cousine".
b) Le mot " pénétrer " - suivi ou non de " sexuellement " - peut aussi être un substitut au mot viol : " Il a tenté de la pénétrer avec le doigt " ; " Elle se réveille, son demi-frère était en train de la pénétrer. Elle avait un tampax.".
Un viol peut être ainsi simplement qualifié de " pénétration sans protection".
c) Le viol défini (seulement) comme " sodomie " et " fellation".
Les phrases : " Après avoir rompu avec lui, un jour il est venu par surprise et il l’a sodomisée " ; " Ils l’ont sodomisée et ils l’ont obligée à des fellations " ; " Dès 17 ans il subissait des attouchements, puis fellations, sodomie " ; " Il a mis la télé à fond et l’a sodomisée " ne permettent là non plus de voir – ni ne disent - le viol et la violence.
Et dire : " Son père le sodomise" n’a pas la même signification que de dire : " Son père le viole, en lui enfonçant son sexe dans l’anus ".
d) Le viol défini comme " maltraitance "
Ce terme aux nombreuses manifestations, expressions, significations est un mot qui, concernant le viol et plus largement les violences sexuelles contribue à dissoudre leur spécificité. Sans relation rigoureuse possible au code pénal, il contribue donc – lorsqu’il n’est pas rigoureusement défini - à en minimiser leur gravité :
" Michel est bouleversé que cette maltraitance ne s’arrête jamais " ; " Quand j’étais petite, vers 5/6 ans, j’ai vécu dans la maltraitance chez une nourrice avec son mari ".
e) Le viol – ou plutôt un certain type de viols – défini comme " tournante " s’inscrit dans cette même logique de négation du viol.
Pour percevoir l’enjeu politique de la signification de ce terme et l’extrême gravité de son utilisation, – il est possible de comparer cette phrase : " Ils ont affirmé avoir participé aux tournantes" ou : " Une tournante a eu lieu" avec celle-ci : " Plusieurs jeunes hommes ont, tous ensemble, ou l’un après l’autre, séquestré, violé, battu, humilié, injurié, voire torturé pendant des heures, des jours, des mois, une ou plusieurs jeunes filles ". Et l’on pourrait ajouter : " de manière telle qu’ils ont rendu – quasi impossible - tout moyen de dénonciation ".
f) Le viol défini comme " phénomène " qui signifie " tout ce qui tombe sous le sens, tout ce qui peut affecter notre sensibilité d’une manière quelconque soit au figuré soit au moral, mais aussi tout ce qui est rare et surprenant, voire extraordinaire " occulte la prise en compte de la violence, ni ne permet de la resituer dans le cadre socio-historique qui est le sien, celui de la domination patriarcale.
Enfin, lorsque le mot " tournante " est accolé au mot " phénomène " la violence du déni de la violence est redoublée [13]
2. La sous-estimation de la violence, de la force mise en œuvre pour violer une personne :
Les mots employés ne révèlent, n’expriment, ni se signifient que la force, la violence a été employée, mise en œuvre, utilisée ; ils l’occultent ou la minimise :
" La dernière fois °(que son beau-père voulait la violer), il l’a emmenée dans la forêt " ; " Le fils de son ami à quelques étages en dessous, l’a interceptée, l’a emmenée dans sa chambre et a mis la télé à fond " ; " Il s’est glissé dans son lit, elle a tenté de le repousser mais son ami est arrivé pour la tenir " ; " La jeune fille le tenait tandis que le garçon lui mettait ses doigts dans son sexe, puis ils ont changé " ; " Sa mère à 11 ans l’a mise dans le lit de son père " ; " Il l’a fait mettre nue [ou] déshabiller " ; " Il l’a prise par le cou et lui a baissé sa culotte ".
Ces mots : " emmener ", " mettre ", " intercepter ", " tenir ", " prendre " - auxquels on pourrait ajouter ceux de " attirer ", " conduire ", " introduire ", " embarquer ", " pousser " - ne permettent pas d’appréhender la violence mise en œuvre. Ils ne permettent pas non plus - ou insuffisamment - d’évoquer la résistance de la victime à cette violence.
3. La sous-estimation de la gravité des conséquences du viol
Deux mots : " ouverte " et " déchirée " pour décrire les conséquences médicales d’un viol suffisent à laisser deviner des siècles d’insensibilité médicale - et de non prise en compte - du viol : " Sa mère l’a déshabillée et a constaté qu’elle était ouverte du vagin à l’anus " ; " Elle a mal été reçue à l’Hôtel-Dieu et pourtant elle était déchirée ".
Je voudrais enfin évoquer un dernier exemple, celui d’une phrase apparemment fort banale : " Elle a eu deux enfants du mari de sa mère ". Ne sont nommés ni le viol, ni le violeur, ni l’inceste, ni la récidive, ni les accouchements, ni la paternité, ni les enfants du viol incestueux.
Pour conclure, trois remarques :
1. Je voudrais attirer plus précisément l’attention sur l’emploi de deux termes - qui ne sont pas strictement liés au viol - que je considère comme dangereux et dont l’extrême vitesse de propagation dans le vocabulaire commun doit être un sujet d’inquiétude et d’interrogations :
Le premier : " passage à l’acte " inscrit le viol - ou tout autre acte pénal ou non - non pas comme un acte en soi, à partir duquel la responsabilité de l’auteur peut être posée, mais comme un moment, un processus s’inscrivant dans un continuum confus de désirs, d’expressions refoulées, de sentiments, de contraintes :
"Avec chaque psychiatre, il y a eu passage à l’acte".
" Passer à l’acte " : où est la volonté du sujet ?
Le second : " dérapage ", lui aussi s’inscrit dans un processus que l’auteur de l’acte – ou de la parole – est considéré comme n’ayant pas pu - ou pas voulu - se contrôler ou se maîtriser. Là encore, la question de la responsabilité de l’acte ou de la parole par son auteur n’est pas a priori posée. La responsabilité de chacun-e risque dès lors de n’être plus le fondement sur la base duquel la justice est (le plus souvent mal que bien ) rendue.
" Il a dérapé " : où est la conscience de soi ?
Mais plus globalement, ne peut-on s’interroger sur la signification de tant d’autres expressions :
" Il se lâche " : Où est la raison ?
" C’est son problème " : Où est la générosité ?
" C’est à comprendre / prendre au second, troisième degré " : Où est l’intelligence des textes ?
" Qui êtes-vous pour juger ? " : Où est le droit à la critique ?
" Ce sont des raisons qui n’appartiennent qu’à lui " : Où est la compréhension des causes ?
" Il veut avoir du plaisir" : Ou est le souci de l’autre ?
2. Entre la " tournante " et le " quicky " : le risque de disparition du mot viol.
Au même titre que le terme de prostitution, de " système prostitutionnel " et plus justement de " système proxénète" est progressivement remplacé par les termes d’" esclavage " (fusse-t-il qualifié de " moderne") et d’ " exploitation sexuelle" qui permet toutes les analogies avec le salariat, on peut craindre qu’une même logique soit mise en œuvre avec le mot "viol ".
Si nous n’y prenons pas garde, si nous ne réagissons pas, le mot " viol " pourra être amené sinon à disparaître, du moins à risquer de progressivement se dissoudre entre " la maltraitance" , " l’abus", " la tournante " et " le quicky " terme récemment lancé par des psychanalystes, ou personnes qui osent se qualifier ainsi, anglo-saxons. Ce terme est censé signifier une relation sexuelle rapide, sans souci de sa ’partenaire’ et non désirée par elle. Bref, un viol.
3. Employer les termes du code pénal : " viol ", " agression sexuelle ", " harcèlement sexuel " dans la rigueur de leur définition juridique - ou du moins se situer le plus clairement possible par rapport à elle - m’apparaît comme le moyen le plus adéquat de résister à cette évolution [13].
Et enfin, clarifier le plus rigoureusement possible et les positionner à leur plus juste place :
l’auteur et donc le responsable du crime,
la nature du crime et la violence mise en œuvre
la victime du crime
contribuera à rompre le lien ancestral entre " violer ", " faire ", " agir " et " posséder".
Article tiré des Actes de la 3 ème journée régionale de lutte contre le viol( Journée organisée et animée par Catherine Morbois, Déléguée régionale aux droits des femmes et à l’égalité d’Ile de France et Marie-France Casalis. Préfecture de la région d’Ile de France. Février 2004. 120 p.) L’aide aux femmes victimes de viol et autres agressions sexuelles. Lundi 28 avril 2003, p. 40 à 60