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Pauvreté, précarisation : l’état des lieux en France

Quelques chiffres - 1998

mercredi 30 juin 2004, par Dominique Foufelle

En 1994, il y avait en France 2,4 millions de ménages soit 5,5 millions de personnes qui vivaient avec un revenu équivalent à moins de 3800 F pour une personne seule, soit quasiment 10 % de la population. Dans sa dernière étude, le CERC (Centre d’études des revenus et des coûts) avançait le chiffre de 11,7 millions de personnes en situation de fragilisation économique et sociale, soit un peu plus de 10 % de la population. C’est trop, beaucoup trop, mais quand on compare aux États-Unis et à la Grande-Bretagne, c’est beaucoup moins ! Ce qui veut dire qu’il y a encore aujourd’hui en France entre 80 et 90 % de la population qui n’est pas dans une situation de vulnérabilité. Cela est dû, je crois, au fait que nous avons réussi à endiguer un certain nombre de processus de précarisation qui ont freiné une tendance à l’anglo-saxonne. La place de l’intervention de l’État, des services publics, du salaire minimum sont des éléments extrêmement importants qui permettent de résister. On creuserait nous-mêmes notre défaite si on disait qu’aujourd’hui en France il y a 70 % de la population précarisée. Ce serait une victoire idéologique pour ceux qui pensent qu’il n’y a pas d’autres solutions que la précarisation généralisée. Nous avons réussi à ce qu’il n’y ait pas de précarisation généralisée et c’est cela qu’il faut essayer de continuer à faire. Non, il n’y a pas de fatalité. La preuve : on s’est battu, on va continuer à se battre et ça ne va pas s’amplifier.
930.000 salariées gagnent moins de 2800 F par mois ; 80 % des pauvres sont des femmes ; les femmes, qui sont 45 % de la population active, représentent 52 % des CDD, 61,5 % des contrats aidés (CIE, CEC, CES) et 51 % des chômeuses, avec un pourcentage catastrophique pour les jeunes de moins de 25 ans (22% pour les hommes et 32% pour les filles).
Sur les écarts de salaires entre hommes et femmes, si on prend strictement les temps pleins, il est de 12,4 % ; si on prend les temps partiels, il est de 24,2 %, en sachant que, pour un travail égal, une heure à temps partiel est moins bien payée qu’une heure à temps plein. Cela est vrai dans tous les pays du monde. Rappelez-vous le conflit UPS aux États-Unis : une boîte de messagerie où on ne se battait pas pour devenir stables mais pour que les précaires soient payés au même taux que les stables. On le voit en France, quand on est précaire le taux est moins élevé.
Est-ce que le salaire des femmes est un salaire d’appoint ? On constate qu’entre la moitié et les 2/3 des femmes à bas salaire, c’est-à-dire moins de 5000 F par mois, sont seules ou avec un conjoint sans emploi, ce qui veut dire que leur salaire est le salaire faisant vivre la famille.
En ce qui concerne les taux de chômage, il y a des différences entre les femmes : 5 % seulement des femmes cadres sont au chômage contre 16 % des employées et 21 % des ouvrières.
En ce qui concerne la retraite, les retraites des femmes sont inférieures de 40 % à celles des hommes. Cela tient au fait que toute une génération de femmes n’a pas travaillé ou peu travaillé et se retrouvent avec des moitiés de pension de réversion ou le minimum vieillesse.
En ce qui concerne l’indemnisation du chômage, les femmes sont moins bien indemnisées que les hommes puisque l’indemnisation est calculée en pourcentage du salaire antérieur. Si on gagne moins, on a moins de chômage. Quand on est en plus à temps partiel, l’indemnité chômage est calculée sur celui-ci, donc, elle est moins importante. Il y a deux allocations : l’allocation de solidarité ou ASS et le RMI, des allocations différentielles c’est-à-dire liées aux ressources du foyer, avec des plafonds pour l’ASS de 8500 F et pour le RMI de 3000 F. Un certain nombre de femmes, quand elles ont un conjoint avec un salaire au-delà de 8500 F, n’ont plus droit à l’ASS et se retrouvent sans aucun revenu alors qu’elles ont travaillé pendant des années.

P.-S.

Claire Villiers - Actes des rencontres intersyndicales femmes, 1998

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