Accueil du site > Evénements > Un 8 mars agité en République Démocratique du Congo

Un 8 mars agité en République Démocratique du Congo

mercredi 31 mars 2004, par Dominique Foufelle

La république démocratique du Congo (RDC) avait choisi, pour cette Journée internationale des femmes 2004, placée sous le thème genre et VIH/sida, de mettre l’accent sur les violences sexuelles. Un choix justifié par les atrocités qu’ont subies les femmes congolaises durant 5 ans de guerre d’agression et de rébellion.

A l’occasion de cette journée, plusieurs femmes, de différentes tendances politiques et catégories sociales, se sont retrouvées au siège du parlement de la république pour dénoncer toutes les formes de violences dont elles sont victimes et réclamer que la justice soit faite pour les femmes et filles violées, dont le nombre (connu) s’élève aujourd’hui à 1950 cas.

Chahut au parlement


Plusieurs cérémonies ont été organisées dans la capitale congolaise Kinshasa et à l’intérieur du pays. Mais celle organisée au siège du parlement par la ministre de la condition féminine et famille Faida Mwangilwa a reçu la participation de plusieurs personnalités et chefs de mission diplomatique, et était patronnée par le vice-président de la République en charge de la commission de la défense et sécurité Maître Azarias Ruberwa, également président du rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), soutenu par le Rwanda et prétendu auteur des massacres et violences à l’est de la RDC, la partie du pays la plus touchée par la guerre.
Ainsi la présence de cette autorité, rebelle autrefois, a provoqué le soulèvement de femmes dans l’assistance, qui se sont mis à huer le vice-président de la République. Certaines se sont déshabillées pour montrer les cicatrices sur leurs corps torturés avant qu’elles soient violées par plusieurs soldats ; d’autres ont demandé tout simplement à être de nouveau violées. Ces femmes, meneuses et à la base de cet incident, sont pour la plupart responsables des associations féminines. Elles n’ont pas hésité de brandir la preuve des sévices subis par les femmes à l’Est du pays : une femme à qui les rebelles ont sectionné le bras a été soulevée et montrée au vice-président. Ce dernier a été mis dans l’impossibilité de prononcer son discours, tant les femmes étaient décidées à lui faire boire la coupe jusqu’à la lie ; le discours qu’il avait préparé pour la circonstance a été accueilli par des chahuts du début à la fin. Le vice-président, ne sachant sur quel pied danser, est sorti de la salle par la petite porte, échappant ainsi aux femmes massées le long de son parcours pour lui en faire voir de toutes les couleurs.

Des bases pour l’avenir


Par ailleurs, un document des stratégies d’intégration du genre dans les politiques du développement en RDC a été présenté par Madame la ministre en charge de la condition féminine et famille Faida Mwangilwa. Ce document de 11 pages constitue pour le pays, un vade mecum de référence, en ce qu’il renferme une politique bien ficelée sur la gestion de la parité homme/femme dans la société. Dans son exposé, Mme Mwangilwa a indiqué que son ministère, ayant la responsabilité de veiller au respect des engagements pris par le gouvernement pour la promotion de l’égalité et de l’équité du genre, a entrepris l’élaboration du document qui renferme six points.
Elle relève à travers ce document les inégalités du genre qui prévalent dans la société congolaise, perpétrées par des facteurs tant internes qu’externes.

P.-S.

Clarisse Nseka – mars 2004

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0