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Rencontre avec des femmes palestiniennes

mercredi 31 mars 2004, par Sylvie

Une délégation de 20 femmes palestiniennes des camps de réfugiés est venue en France rencontrer les femmes françaises. Elles ont témoigné de l’horreur de leurs conditions de vie et de leur quête pour la paix.

Les organisateurs avaient d’abord pensé intituler cette rencontre « les femmes veulent transformer le monde ». Avec la force de leur témoignage et leurs convictions, les Palestiniennes qui sont venues en France semblaient en effet capables de beaucoup. Invitées pour huit jours par l’AJPF (association pour la promotion des jumelages entre les camps de réfugiés Palestiniens et les villes de France) et l’association femmes solidaires, cette délégation de 20 femmes palestiniennes des camps de réfugiés (Cisjordanie, Gaza, Liban, Syrie et Jordanie) effectuait la visite retour d’un échange entre Françaises et Palestiniennes. Ce voyage concrétise les jumelages qui se sont multiplié entre les villes françaises et les camps palestiniens (71 villes aujourd’hui). Ces femmes sont allée discuter avec les français-es dans différentes régions et ont rencontré les responsables des partis politiques, des syndicats et de l’Assemblée Nationale. Leur message était simple : nous avons des conditions de vie épouvantables, mais tout ce que nous demandons c’est la paix par l’application des résolutions de l’ONU.

Seul objectif : une paix durable

Toutes les femmes voulaient s’exprimer et la conférence de presse fut trop courte pour y parvenir. Leurs voix trahissaient leur révolte et l’émotion de pouvoir enfin parler. Dans leurs propos, elles dénoncent tout d’abord la politique d’expulsion systématique menée par Ariel Sharon. Le « mur de l’apartheid » n’est selon elles qu’un moyen de plus de confisquer des territoires : en coupant les Palestiniens de leurs terres, de leur travail et de leur famille, ils deviennent des réfugiés sur leurs propres territoires. Dans les camps hors de Palestine, les femmes insistent surtout sur le droit au retour, considérant que leur séjour loin de chez elles n’est que provisoire.
Mais les témoignages les plus bouleversants sont les récits de leurs conditions de vie, qui se sont dramatiquement dégradées depuis deux ans. Dans les camps de réfugiés, les bâtiments sont régulièrement détruits, particulièrement les écoles et les hôpitaux. A cause de cela, des milliers de familles ont perdu leur maison et doivent vivre sous des tentes. L’accès aux soins les plus élémentaires n’est pas assuré. Les femmes doivent parcourir des kilomètres pour trouver un hôpital où accoucher et il arrive qu’elles meurent avec leur bébé lorsque les soldats hésitent à leur laisser passer les check-points.
En plus de ces conditions très difficiles, manquant de tout, les femmes portent la lourde responsabilité de maintenir en vie la société palestinienne. Il s’agit en premier bien sûr de sa survie physique, en nourrissant la famille et en faisant marcher la maison, avec la peur constante que les enfants ne rentrent pas le soir. Mais la survie culturelle et sociale est aussi en jeu : lorsque les hommes sont emprisonnés, ce sont les femmes qui reconstruisent ; en l’absence d’Etat organisé, c’est aux associations d’assurer les services minimaux, et là encore, ce sont les femmes bien souvent qui s’en occupent. Elles ont aussi conscience de l’importance de la transmission de leurs traditions de leurs savoir-faire dans l’éducation qu’elles donnent à leurs enfants. Sans cette vigilance, dans cette société coupée du monde et privée de tout, c’est la culture palestinienne qui risquerait de disparaître. Elles portent ainsi depuis des années le poids de toute la société, mais elles savent que les enjeux sont bien trop importants pour céder.
Moussaer Alqam, du camp de Kalendia en Cisjordanie, a lancé un appel aux journalistes, pour qu’ils viennent sur place se rendre compte de cette situation, qui n’est pas toujours bien comprise en Occident. Mais « malgré tout cela, a-t-elle ajouté, je voudrais dire d’ici, de France, terre de liberté, que ce que nous voulons c’est la paix pour nos enfants et pour tout le monde ».

P.-S.

Sylvie Lefebvre - mars 2004

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