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Haïti : un nouveau départ ?

mercredi 31 mars 2004, par Laurence

Après le départ d’Aristide, la CONAP, Coordination Nationale de Plaidoyer pour les Droits des Femmes, dans ce plaidoyer nous livre ses craintes et ses espoirs d’un nouveau départ pour la société haïtienne.

La, CONAP, observe avec satisfaction que les différents secteurs appelés à former le Conseil des Sages s’activent à désigner leurs représentants et représentantes au sein dudit Conseil. Ce faisant, ces composantes de la société haïtienne démontrent leur volonté de prendre en main notre destin collectif. La CONAP applaudit d’autant plus ces nominations, que préoccupée par les différentes tentatives de mise sous tutelle de notre pays, elle demeure convaincue que la constitution d’un Conseil de Sages, qui soit une véritable émanation nationale, peut constituer un pas vers la reprise du contrôle national dans la difficile situation que nous traversons. L’ensemble des forces vives de la nation doit prendre conscience de l’importance du rôle que le Conseil des Sages est appelé à jouer et, tout en réclamant l’inclusion d’autres secteurs pour assurer une meilleure représentativité de la nation, la CONAP exhorte toutes les organisations du pays à appuyer cette instance afin qu’elle puisse véritablement accomplir sa mission.

Les communautés internationales tentent d’imposer des anciens de Lavalas

La CONAP est vivement préoccupée par la volonté des communautés internationales d’imposer une solution factice à la crise conjoncturelle que traverse le pays. Non satisfait d’occuper militairement le territoire national et d’avoir évacué les populations du processus de démission de l’ancien dictateur, qui en partant s’est assuré de la mise en place d’un scénario de chaos total, les pseudos « Amis d’Haïti » imposent la présence de membres influents d’un régime décrété hors-la-loi par l’ensemble des forces vives de la nation. Messieurs Yvon Neptune et Lesly Voltaire sont des responsables directs de plusieurs actes de répressions sauvages sur les populations et de la corruption qui s’est érigée en système durant le règne Lavalas. La CONAP comprend très mal comment de tels individus peuvent prétendre jouer un rôle constructif dans un processus de transition. Une véritable reconstruction doit catégoriquement divorcer avec des pratiques d’impunité ! Ces hauts dignitaires de Lavalas doivent répondre de leurs crimes contre les populations haïtiennes avant de prétendre jouer un rôle quelconque dans la gestion du pays. La CONAP exige la mise en mouvement de l’action publique contre tous les membres de l’ancien régime hors-la-loi.

Tous les responsables de violences doivent répondre de leurs actes

L’action publique doit être mise en mouvement contre les hors-la-loi de tout acabit. Une enquête sérieuse doit être enclenchée dans les meilleurs délais sur les actions des différents groupes et corps armés. Tous les commanditaires, auteurs et complices des exactions de ces différents groupes et corps armés doivent êtres identifiés. Toutes les zones d’ombre sur la présence des corps armés, venant embrouiller la situation des derniers jours, devront être éclaircies afin de permettre aux populations d’être édifiées sur les rôles des différents acteurs de la crise et de sa soi-disant résolution. Tout comme de larges composantes de la population, la CONAP ne saurait accepter la réapparition de membres du FRAPH - Front Révolutionnaire pour l’Avancement et le Progrès Haïtien - et de l’ancienne Armée d’Haïti comme des faits endogènes.

Pour de nouvelles pratiques démocratiques

Quelque soit le rôle joué par ces forces armées dans la crise actuelle, rien ne saurait justifier la restauration de fait de l’Armée d’Haïti. Cette question doit faire l’objet d’un débat national. La nation haïtienne doit pouvoir s’entendre sur les missions des forces de sécurité et surtout sur les mécanismes de fonctionnement et de contrôle, afin d’éviter la réédition de situation de perversion de ces forces, avec une main mise par un groupe politique.

La CONAP exhorte une fois de plus toutes les composantes de la société haïtienne à divorcer d’avec des pratiques politiques qui ne font que conduire notre nation à sa perte. Nous devons nous donner les moyens d’une véritable construction nationale basée sur les principes de droit.

D’autres pratiques politiques sont nécessaires pour que vive la nation haïtienne !

P.-S.

Pour la CONAP (Coordination Nationale de Plaidoyer pour les Droits des Femmes) :
Enfofanm, Fanm Yo La, Kay Fanm, SOFA
Port-au-Prince, le 03 mars 2004

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