Dans la tradition brésilienne, les blocs, contrairement aux écoles de samba, participent au carnaval sans prétendre à aucun titre et permettent surtout l’expression de différentes identités collectives (féministes, appartenance ethnique...) et la reconnaissance du travail social effectué tout au long de l’année.
Le bloc Ilê Mulher, "maison des femmes", fut fondé le 6 janvier 2000. Cette année là, la journée internationnale des femmes coïncidait avec la période du carnaval. Le bloc sut se saisir de cette occasion pour intégrer la question des femmes à la commémoration des 500 ans du Brésil, thème dans lequel s’inscrivait le carnaval. Ainsi, offrant un autre regard sur cet anniversaire, 411 femmes ouvrirent le défilé des écoles gagnantes du carnaval.
Suite à celui-ci, une quarantaine de femmes se réunirent pour valider et conserver ce bloc comme identité permanente et l’articuler à un travail social.
L’idée était de renforcer la solidarité entre les femmes et de valoriser le travail de celles qui œuvrent dans l’ombre lors du carnaval pour confectionner, entre autres, les costumes scintillants.
Ce bloc donne ainsi l’occasion aux femmes, quelques soient leurs appartenances sociales ou ethniques, de participer au défilé, moment très important dans la culture brésilienne. De plus, il rompt avec une tradition d’organisation du carnaval qui se voulait être jusque là, exclusivement masculine ; une manière d’affirmer leur présence aux côtés des hommes. Enfin, en portant des robes revendiquant leur engagement féministe, ces femmes proposent une autre maniére de défiler qui rompt avec l’habitude de certains groupes d’utiliser le corps dénudé des femmes comme objet de spectacle.
Toutes générations confondues
Quatre ans après sa création, ce bloc féministe est connu et reconnu tant par la socièté civile que par les insitutions politiques. Ce 28 février, environ 300 femmes et une trentaine d’enfants ont défilé sur la fameuse avenue de Porto Seco à Porto Alegre. Ensemble, militantes, féministes au quotidien, couturières ayant créé les costumes des enfants, cuisinères durant le carnaval, jeunes femmes victimes de violences, chanteuses, sympatisantes de l’action menée, mères et filles, entonnant la chanson composée pour l’occasion, ont rendu hommage à la fameuse chanteuse noire issue des favelas de Rio de Janeiro, Elza Soares.
Regrettons toutefois que ce défilé plein de grâce et d’énergie se déroule en fin de carnaval, ce qui nuit à sa visibilité.
Aujourd’hui, une dizaine de femmes s’activent toute l’année pour donner corps à cette identité. Elles participent, en tant que groupe féministe, au budget participatif et à l’organisation de divers évènements culturels et politiques dans la ville.
Elles espèrent obtenir un local pour faire connaître leurs activités, créer une coopérative de couturières et, à long terme, constituer un centre de formation selon les savoirs et compétences de chacune...
En attendant, elles organisent déjà pour l’année prochaine la création d’une batucada exclusivement féminine ce qui sera une première dans l’histoire du carnaval de Porto Alegre...
Pour un carnaval en image ou plus d’information, visitez leur site
http://www.ilemulher.hpg.ig.com.br