Avec plus de 3000 femmes présentes et près de 7000 personnes à la manifestation, la première assemblée européenne des femmes le 12 novembre 2003, fut un réel succès. L’atelier violences y a connu une affluence importante, signe que ce fléau est terriblement répandu en Europe.
Pendant le FSE, nous avons pu échanger des informations, ce qui nous permet aujourd’hui d’avoir une pensée pour nos ami-e-s de Barcelone qui manifesteront le 23 novembre, pour celles de Lettonie qui manifesteront le 27, celles de Hongrie qui seront devant le ministère de la justice de Budapest le 29 et celles de Bulgarie qui agiront toute cette semaine. Toutes réclament une loi contre les violences dans le couple et les moyens de son application.
C’est aussi ce que nous demandons en France : nous voulons une loi qui permette l’éloignement de l’homme violent du domicile conjugal, et aussi éventuellement des lieux de vie de la femme victime, tels que son lieu de travail ou celui de l’école des enfants. Cela existe par exemple en Autriche, au Luxembourg et les femmes de ces pays nous ont dit que cela fonctionnait. Pour nous, harmoniser les législations européennes sur les plus favorables pour les droits des femmes constitue l’un des enjeux de la construction de l’Europe.
"Agir et s’engager contre les violences dans le couple", tel était le thème de notre rencontre départementale du 4 mars 2003 dont j’ai le plaisir de vous présenter les Actes ce matin. Ce thème reste d’une grande actualité. Ces Actes témoignent de la volonté du Conseil général non pas de victimiser les femmes, mais au contraire de permettre la mobilisation du plus grand nombre de femmes et d’hommes pour ensemble trouver les solutions pour faire reculer ces violences.
Avec trente-neuf interventions, l’originalité de ces Actes tient en ces paroles croisées d’expert(e)s, de professionnel(le)s de terrain, de responsables d’associations qui ensemble ont établi les constats et les propositions pour mieux comprendre et agir. Ce document va être largement adressé à nos partenaires, dans les services du département, les circonscriptions du service social, de la PMI,de l’aide social à l’enfance, les crèches, mais aussi aux services de l’Etat à la Justice, à la police et à l’éducation nationale, et aux associations.
Notre volonté est que ces actes nous soient utiles pour sensibiliser toujours plus et pour faire reculer la fatalité. Oui, les violences faites aux femmes dans le couple existent partout, depuis longtemps, mais des solutions existent. Nous ferons le point, à l’occasion de la journée internationale des femmes en mars prochain des avancées et des obstacles par rapport aux propositions retenues par notre Observatoire et que vous retrouverez à la fin de l’ouvrage.
Sensibiliser les jeunes
L’une des propositions forte de la rencontre départementale 2003 avait été la prévention des comportements sexistes dans les relations entre les filles et les garçons. C’est donc le thème que nous avons retenu pour la rencontre départementale 2004, qui aura lieu le 4 mars prochain.
Notre comité de pilotage propose trois directions.
La première, c’est de prendre la mesure de l’ampleur de ces phénomènes par une enquête auprès des filles elles-mêmes. L’objectif de cette enquête est de mieux connaître les comportements sexistes, les violences sexuelles auxquels sont ou ont été confrontées les filles de 15 à 19 ans dans leur famille, leur lieu de scolarité, auprès de leurs ami-e-s, de leur petit ami, ou dans l’espace public. Il nous paraît intéressant d’évaluer la perception que les filles en ont, leur réaction ainsi que la réaction des adultes ou des jeunes auxquels elles se sont confiées. Un tel état des lieux nous permettra de mieux penser la prévention.
Le deuxième axe de travail est constitué par une recherche/action permettant de recueillir la parole de 1000 jeunes du département, 500 filles et 500 garçons. Ces jeunes nous diront leurs idées pour faire reculer les comportements sexistes, car, vous l’aurez compris, il ne s’agit pas pour nous de stigmatiser la jeunesse, mais au contraire de lui permettre de nous dire ce qu’elle vit, ce qu’elle pense et ressent. Cette recherche s’effectuera grâce à l’outil de prévention du Théâtre forum : "X=Y", proposé par le Mouvement français pour le planning familial et le Théâtre de l’Opprimé. Une anthropologue suivra ces séances et en fera une analyse.
Le troisième axe consiste à mieux faire connaître tous les outils de prévention disponibles en Seine-Saint-Denis, afin de mutualiser nos efforts. En effet, il se fait beaucoup de choses dans notre département. Nous effectuerons donc un recensement de ces outils et nous publierons un guide des outils de prévention à l’occasion de la rencontre 2004.
Enfin, je voudrais vous présenter l’initiative prise dans le cadre de cette journée internationale contre les violences faites aux femmes : il s’agit de la présentation aux professionnel(le)s du département d’un DVD contre les mariages forcés le 25 novembre prochain. Ce DVD, réalisé par Stéphane Gatti, présente une pièce de théâtre conçue et jouée par des filles du LEP Sabatier de Bobigny, avec des interviews de ces jeunes. C’est une initiative commune de l’Observatoire et du Comité départemental pour la prévention des agressions sexuelles et de la maltraitance. Ce DVD a une belle histoire, car avant même d’être un produit, il a fait l’objet de beaucoup de mobilisation : un grand merci aux comédiennes elles-mêmes, à Emmanuelle Piet et à Nathalie Courant, au Mouvement français pour le planning familial, à la ville de Bobigny et au Conseil général qui ont produit le DVD.