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Nationalisme, militarisme, féminisme

dimanche 30 novembre 2003, par Joëlle Palmieri

Le 14 novembre, lors d’un séminaire sur la montée des nationalismes, des conflits armés en Europe et ailleurs, des voix de femmes se sont faites entendre contre l’impunité, pour l’application de résolutions internationales, contre le libéralisme fournisseur de racisme, d’ethnicisme et de communautarisme, pour qu’enfin les femmes cessent d’être considérées comme des victimes, bonnes à propager des idéologies de haine.

Lors du séminaire du vendredi 14 novembre « Nationalisme, guerre, patriarcat et lutte des femmes pour une culture de paix » co-organisé par les Pénélopes, Transeuropéennes, les Femmes en noir, Amnesty international et le Wilpf , de multiples voix se sont faites entendre : militantes pour contre le nationalisme, les ethnicismes et les droits humains, féministes, militantes contre la guerre et la militarisme, contre l’impunité, pour l’obtention de lois au niveau international.
Imma Barbarossa, Italienne des Femmes en noir, a établi une cartographie géopolitique sur les origines du militarisme et du patriarcat. De la 2e Guerre mondiale, avec l’association des fascistes italiens aux nazis, à la guerre en Irak, l’éducation militarisée donnée aux enfants, pour mieux les préparer à défendre leurs pays, le projet d’un accord européen sur une armée européenne suit son chemin. « La guerre est différente d’un conflit ; c’est une forme légale de meurtres et une relation entre hommes uniquement », explique la militante pour la paix. Les soldats sont des représentants de la virilité et les femmes sont alors des butins, des victimes, utilisées pour humaniser les crimes. Les féministes se battent alors contre la société patriarcale et militariste.

Pas de lutte contre le militarisme sans lutte contre le libéralisme

Teodora Tabacki , Serbe du réseau Transeuropéennes, a expliqué l’action concrète de la caravane de la paix. Plus de 50 femmes ont traversé la région avec deux idées : être témoins de la réalité à la fin de la guerre et de l’éventuelle démocratisation de la région, donner un message politique sur la liberté de circulation. Une évidence : la guerre a marqué toute la société balkane. « La reconstruction est une grande fantaisie », affirme la philosophe. La présence de la destruction physique et inspire instantanément une fonction de victimes, comme le 11 septembre à New York. Etre victime donne tous les droits de répression sous un emblème national. Les ethnies minoritaires, femmes, enfants, homosexuels ont été les premières cibles. « Il faut représenter la figure de l’ennemi ». Depuis 1990, dans le région, les femmes sont devenues internationalistes et ont une bonne conscience du système patriarcal, elles sont engagées dans un mouvement de construction d’un Etat social. Les citoyen-nes se positionnent contre le libéralisme, la perte des droits sociaux et de la souveraineté des Etats. La question qui se pose maintenant est de faire le lien entre anti-militarisme, anti-libéralisme et féminisme.

Le communautarisme vers les dictatures

Natalia Sinaeva, Moldave du Réseau YHCA, constate l’augmentation des nationalismes dans sa région, comme une caractéristique des Etats post-soviétiques. C’est le nationalisme qui a déterminé les Etats. La Moldavie est un des Etats post-soviétiques les plus pauvres d’Europe, un véritable nid pour le racisme. 35% des minorités ethniques proviennent de la partie du pays post-soviétique. L’hégémonisme de l’Urss en termes de langue par exemple a occulté toutes les autres composantes de la société moldave : ukrainiens, bulgares, juifs… propagandes racistes, xénophobes, discours de haine, loi contre la xénophobie non appliquée : « Le conflit a été inévitable à cause de la peur des nationalismes », tente d’expliquer la jeune militante anti-nationaliste. Il existe aujourd’hui une situation de dictature comme en Biélorussie et la lutte pour les droits humains, et en particulier pour les féministes, est très difficile.

Contre l’impunité et pour l’application des résolutions internationales

Gitta Sahgal, du secrétariat général d’Amnesty international, a axé toute son intervention sur l’impunité des crimes de guerre et sur le cas particulier des « femmes de confort », comme les Japonaises, pendant la IIe guerre mondiale. Elle souhaite que le Tribunal pénal international traite de l’esclavage sexuel, de l’impact des viols de guerre.
Enfin, Heidi Meinzolt, représentante du réseau international Wilpf, insiste sur le fait que l’échange d’expériences est dans ce domaine très important. L’actualité de la guerre d’Irak tente de nous faire croire qu’il n’y a pas d’alternatives à l’intervention militaire, que c’est une fatalité. Le manque de réflexion à ce sujet se fait cruellement ressentir. Des voix de femmes s’élèvent pour demander l’application de la résolution 1325 des Nations unies, votée il y a trois ans, qui rend l’engagement dans les conflits sans l’égalité des femmes illégale. Un réseau pour un Conseil de sécurité des femmes sur la pacifisme et le pacifisme est en cours de création.
Dans la salle, une Turque intervient pour dire qu’il faut « déconstruire le masculinisme », qui engage un être humain à pouvoir tuer un autre être humain. Une Azéri lance un appel pour la paix, un appel de solidarité entre tous les mouvements de la société civile de la grande Europe.

P.-S.

Joelle Palmieri – 28 novembre 2003

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