En effet, tous les accords bilatéraux et multilatéraux mis en place avec les pays du Sud méditerranéens et les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) sont autant de barrières à l’entrée des migrants en Europe.
Par exemple, les accords d’associations tels que le cadre UE/Euromed ou le cadre UE/ACP, qui étaient fondés sur le principe de partenariat économique et de développement, sont aujourd’hui des outils politiques où la question migratoire est au coeur des discussions.
Ces partenariats, qui nient toute idée de solidarité internationale, sont devenus quasiment des moyens de chantage de l’UE imposés aux pays du Sud puisqu’ils conditionnent l’apport de l’aide au développement à des clauses sécuritaires et de blocage des migrants ou demandeurs d’asile aux frontières sud de l’Europe.
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A titre d’exemple, l’UE a offert 40 millions d’Euros au Maroc à condition qu’il impose dorénavant des visas aux ressortissants subsahariens et qu’il accepte la présence d’agents des frontières européens dans les ports et aéroports marocains.
Un autre exemple qui démontre bien l’acharnement des pays de l’UE à limiter au maximum le flux migratoire arrivant en Europe, est l’appel d’offre d’environ 1 million d’Euros aux associations/ONG qui seraient prêtes à sensibiliser les populations du Sud aux risques de fuir vers les pays développés.
Ces multiples gestes "généreux" représentent non seulement un réel danger à l’indépendance et l’intégrité de ces associations, mais aussi une véritable ingérence dans les politiques internes des Etats sud-méditerranéens, si les gouvernants ne prennent pas leurs responsabilités pour faire cesser cet échange injuste et illégal.
Nouveaux phénomènes migratoires
A cause de l’établissement de cette forteresse Europe, de nouveaux phénomènes migratoires sont apparus, dits Sud-Sud.
Ainsi, les migrants qui fuient en direction des pays développés du Nord s’installent dorénavant dans les pays "tampons" tels que l’Algérie ou la Libye. Ces derniers, en quête de main d’œuvre bon marché, même s’ils ne le reconnaissent pas officiellement, sont en train de participer à ce qu’on appelle communément de l’esclavage moderne ! Sans parler de la vague d’intolérance et de violences aggravées que ces populations subissent au quotidien. Autant dire que les pays d’Europe n’ont pas le monopole de l’intolérance et du racisme !
Parmi ces victimes, les femmes qui représentent 1/5e de ces nouveaux flux migratoires. Surnommées les "porteuses de SIDA", elles sont pourchassées, agressées et emprisonnées, au même titre que les hommes, dans les camps de rétention qui n’ont rien à envier aux camps des pays développés.
En conclusion, tant qu’un véritable processus de co-développement, et non plus d’aide au développement, n’est pas mis en place entre les pays développés et les pays du Sud, les flux migratoires se poursuivront. Malheureusement, d’ici là, comme toujours, ce sont les plus démunis qui en font les frais !