Repro Ado, réseau d’échange d’informations et d’expériences est un projet de la DSW (Fondation allemande pour la population mondiale) pour le développement de la santé sexuelle et reproductive en Afrique francophone de l’ouest. Une de ses responsables, Nina Bauer, nous fait part des données que sa présence sur le terrain lui a permis de recueillir.
L’exemple du Burkina Faso
Le Burkina Faso est un pays de 274 000 km2 qui compte 13 millions d’habitants, ce qui correspond à une densité de population plus forte que celle de ses voisins Niger et Mali. Si le taux annuel de croissance de la population reste constant à 3%, la population devrait dépasser les 39,5 millions d’habitants d’ici 2050.
En moyenne, une femme burkinabé donne naissance à 7 enfants. Ce chiffre place le Burkina à la deuxième place pour les pays d’Afrique de l’ouest, derrière le Mali. Cette situation est la conséquence directe du très faible taux d’utilisation des méthodes modernes de contraception qui s’élève à environ 5% chez les femmes mariées. 16% des grossesses concernent des filles âgées de 14 à 19 ans, qui, d’après le fond sur les populations des Nations Unies, courent un risque bien plus important de développer des problèmes durant la grossesse et la naissance que les femmes de plus de 20 ans. 17% de ces grossesses sont non désirées. Un enfant sur 16 ne dépasse pas son 5ème anniversaire et la mortalité maternelle est de 818 pour 100 000 naissances.
L’excision est une pratique fortement ancrée dans la tradition qui concerne plus de 90% des filles et des jeunes femmes, alors que cette pratique néfaste, et qui a de lourdes conséquences sur leur santé physique et psychique, est interdite par la loi. Mais, grâce aux campagnes massives d’organisations de femmes, ces pratiques sont peu à peu régulées et punies par la loi.
Le VIH/SIDA concerne presque 7% des personnes de 15 à 49 ans ce qui fait du Burkina le 2ème pays le plus touché en Afrique de l’Ouest (d’après les données de l’ONUSIDA, le développement de l’épidémie dans les pays d’Afrique de l’ouest prend rapidement de l’ampleur et devrait vraisemblablement atteindre 10% cette année).
Pour des raisons diverses (facteurs naturels, situation géographique…) le Burkina est un pays extrêmement pauvre ce qui a des conséquences directes sur l’éducation. 1/3 de la population est âgée de 10 à 24 ans – la génération des parents de demain. Mais les jeunes n’ont quasiment aucune possibilité d’apprendre quoi que ce soit sur la sexualité - 72% des jeunes ne savent pas où se procurer des méthodes de contraception modernes. Les filles sont mariées très tôt, la plupart du temps à des hommes plus âgés qui vivent en accord avec la tradition polygame. Elles sont soumises à la pression sociale qui pousse à avoir des enfants très tôt.
L’Afrique francophone de l’Ouest : similitudes et disparités
L’exemple du Burkina est assez représentatif de la situation en Afrique de l’Ouest. Ainsi certaines données chiffrées concernant les autres pays de la zone tendent à se rapprocher de celles qui prévalent pour le Burkina. Le nombre d’enfants par femme est de 7 au Mali, de 8 au Niger, de 6 en Guinée et au Togo. Le taux de prévalence contraceptive avec des méthodes modernes est de 6% au Mali, de 4% au Niger et en Guinée, de 7% au Togo. Mais certains chiffres peuvent varier significativement selon les pays. Si le taux de prévalence au VIH au Togo est assez proche de celui du Burkina (6%), ce taux est, en revanche, bien plus faible au Mali (1,7%), au Niger (1,4%), en Guinée (1,5%) et même très bas au Sénégal avec un taux de 0,5%.
Le Sénégal est, à ce titre, un très bon exemple de la " non fatalité " de l’épidémie : pour plusieurs raisons mais notamment grâce à l’engagement des ONG et du gouvernement (qui en a fait un problème national) ce pays fait figure de modèle dans la lutte contre le VIH/SIDA.