Le Conseil québécois du statut de la femme vient de mener une étude sur la prostitution avec un premier objectif : montrer que la prostitution fait bel et bien partie du marché du trafic d’êtres humains. Et la situation au Québec ne diffère pas tellement des autres pays occidentaux.
Etat des lieux dans la Belle-Province
Figure la plus visible, la prostitution des rues, concerne des jeunes femmes de 20 à 35 ans dans certains quartiers de Montréal, dans d’autres, elles dépassent largement la quarantaine mais également de nombreuses mineures aussi. Les clients, quant à eux, proviennent indifféremment de toutes les classes sociales. Ce trafic, dominé par le crime organisé, les gangs de rue ou les clubs de motards, ne se limite pourtant pas à la prostitution des rues. Au tableau de ce marché se trouvent aussi salons de massage, services d’escortes, annonces classées en ligne et dans les journaux, danseuses nues ou actrices de la pornographie.
Dans tous les cas, elles ont toutes été victimes de violences physiques dans leur enfance, inceste pour 44%, viol pour 33% d’entre elles. Elles ont aussi souvent connu l’expérience de la rue. Et 14% des mineures en fugue passent par la prostitution, soit plus de 8000 personnes en 2000 au Québec !
Ce marché représente des millions d’euros au Canada et rapporte une moyenne de 90 000 euros par an et par prostituée à chaque proxénète. Faites le calcul… et cela profite à environ 10 000 personnes à Montréal. Ce marché, très lucratif, est en pleine expansion. Et pourtant le proxénétisme est illégal au Canada et au Québec…
Quels enjeux ?
La prostitution comme élément du trafic des êtres humains, fait exploser le chiffre d’affaires du tourisme sexuel, celui du luxe notamment. Cette industrie profite d’un système économique libéral ayant entraîné dans son sillage pauvreté, chômage, violences et exploitation…des femmes surtout. Comme conséquences : sida, toxicomanie, dévalorisation sociale, esclavage…
Le débat est aujourd’hui lancé publiquement au Québec. Beaucoup proposent de s’inspirer du modèle suédois ou suisse qui criminalise les clients, dont le Conseil du statut de la femme, et d’affirmer clairement que la prostitution est un système d’exploitation mis en place par le libéralisme et donc le patriarcat qui sont indissociables. Car « pour la majorité des féministes, la prostitution relève de l’exploitation sexuelle des femmes et constitue une violation des droits humains, nécessitant son abolition et la criminalisation des clients et des proxénètes ».
Sources :
L’Itinérant, octobre 2002
L’aut’Journal, septembre 2002
Voir aussi le dossier Prostitution sur le site http://www.sisyphe.levillage.org