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Colombie : les droits humains se détériorent

lundi 30 septembre 2002, par Anne

Aux Etats-Unis, le Département d’Etat est prêt à accorder 41,6 millions de dollars d’aide militaire à la Colombie à condition que celle-ci satisfasse aux exigences du Congrès américain en matière de droits humains. Ces exigences stipulent que l’armée colombienne suspende les officiers impliqués dans les violations des droits humains, coopère avec le ministère public et coupe tout lien avec les forces paramilitaires d’extrème-droite.

Selon la Commission Colombienne des Juristes (CCJ), qui travaille sur la paix et étudie les obligations des trois protagonistes dans le conflit armé (Etat, guérilla et groupes paramilitaires), les groupes paramilitaires sont responsables de 80% des cas de violations des droits humain ayant entraîné des morts. L’état tolère et soutient directement et indirectement ces groupes pour la stratégie et la logistique. Des militaires, même haut gradés, collaborent aux activités des groupes paramilitaires qui se déroulent au vu et au su de l’armée. Si la guérilla est encore responsable de la majorité des kidnappings, le nombre d’enlèvements politiques ou crapuleux commis par les groupes paramilitaires augmente. Ces groupes ont aussi pris en charge toutes sortes de « sales boulots » autrefois exécutés par la police ou l’armée. Pour ce qui concerne les droits économiques, sociaux et culturels, la Colombie, où presque 50% de la population vit dans la misère, a subi un recul ces 10 dernières années. La proposition du Président Uribe de former et d’utiliser des civils comme informateurs pour aider à résoudre le conflit armé pourrait ne pas arranger les choses car ces personnes risquent d’être prises pour cible par la guérilla ou les groupes paramilitaires. Le gouvernement colombien a voté récemment une loi dite d’« agitation intérieure » (conmocion Interiór), présentée comme une alternative à des mesures de suspensions durables des droits humains. Cette loi permet aux militaires d’avoir (de manière temporaire pouvant quand même durer jusqu’à un an) tous les pouvoirs, sur décision du Président. Cette espèce d’état d’urgence a été déclaré, il faudra voir l’évolution de la situation qui est très critique en ce moment : des attaques des FARC ont été menée contre des maires et d’autres officiels locaux. Par conséquent, la Cour Constitutionnelle pourrait accepter la loi d’« agitation intérieure » car les fondements de la démocratie sont menacés. Ces mesures extraordinaires qui restreignent les droits permettront-elles de résoudre les problèmes ? On peut en douter. Le CCJ pense que des mesures structurelles pour démocratiser le pays, alliées à une sortie négociée du conflit seraient plus efficaces. Les Etats-Unis veulent augmenter leur aide militaire dans la lutte contre les narcotrafiquants et les insurrections mais pour le CCJ, il y a un lien de cause à effet entre l’augmentation de la force de frappe des différents protagonistes et la détérioration de la situation des droits humains.

Plus d’info : http://www.gvnews.net

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